Musée de la Vie wallonne

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Focus

"Comme on fait son pain, on le mange…"

Pétrin domestique en bois, Chênée 19e siècle (MVW 5030295)

Depuis toujours, le pain occupe une place importante dans notre alimentation...

L'usage d'acheter son pain dans une boulangerie ne s'est guère généralisé qu'à la fin du 19e siècle. Auparavant, la plupart des habitants préparent eux-mêmes la pâte et la portent à cuir au four commun qui était allumé à jour fixe. Le pétrin, coffre dans lequel on pétrit la pâte est un meuble commun. Celui-ci est posé sur deux chaises, dans la cuisine. La table-maie, munie d'un tablier à charnières, est utilisé pour différentes fonctions : conservation du pain ou de la farine, desserte et pétrin. Ce dernier a disparu dès le milieu du 20e siècle.

Le pétrissage est une opération de la panification pendant laquelle la farine est mélangée à l'eau et au levain. Dès le 17e siècle, celui-ci est remplacé peu à peu par la levure qui rend le pain plus léger et plus frais. Son introduction a été relativement difficile car il s'agit d'un produit dérivé de la brasserie, considéré comme un déchet. Pour cette raison, le verre de levure provenant d'un tonnelet suspendu sous la charrette du brasseur est distribué aux clients moyennant un petit pourboire. Dès le 20e siècle, la levure sèche est employée.

Comment pétrissait-on autrefois?

Djan Stienne évoque l'utilisation du pétrin par sa mère: « Les bras nus, de blanc vêtue et serre-tête noué autour de ses cheveux, ma mère entreprenait la délicate opération. […] Peu à peu le mélange s'opérait, la pâte s'épaississait, constamment remuée par des efforts de plus en plus grands. Une poignée de farine dont on la parsemait l'empêchait de s'attachait aux parois de la maî et permettait de la retourner comme un matelas. Sous l'influence du levain, des bulles de gaz se formaient dans la masse compacte ; et leur déplacement au cours du pétrissage produisait des sortes de gémissement »[1]. Le surplus de pâte servait à la confection d'une tarte ou d'une pâtisserie qui cuisait en même temps que le pain dans le four.

Aujourd'hui, le pétrissage exclusivement manuel est révolu, même dans les boulangeries.

En 1929, à Grivegnée, le Service des enquêtes ethnographiques du Musée a réalisé un reportage illustrant comment le dernier boulanger pétrit à l'aide de ses bras, dans un pétrin métallique. La tradition voulait que la sueur du gindre, ouvrier de boulangerie, mêlée à la pâte améliorait le pain.

Bien que l'usage du pétrin soit dépassé, on remarque désormais un retour aux sources. Nombreuses sont les ménagères qui en reviennent à la fabrication artisanale de leur pain, au moyen de pétrins mécaniques et de machines à pain qui facilitent grandement leur travail.

Être dans le pétrin

Le pétrin n'est associé à l'expression que dès la fin du 18e siècle. La métaphore désigne une situation délicate, pénible dont on ne voit pas l'issue. Elle nait de la matière pâteuse, collante et malaxée que l'on obtient en pétrissant le pain et dont on a beaucoup de mal à se défaire. L'expression s'est maintenue bien qu'on n'ait plus recours à l'objet.

L'expression française et son équivalent wallon èsse divins ine måssîte bouwêye (être dans une lessive sale) manifestent que la position de la ménagère était loin d'être enviable, quelle que soit la tâche exercée.

[1] Stienne Djan, « Quand j'étais petit », in Le journal du canton de Ciney, 4 avril 1926.


A.M. - Responsable archives multimédia - Retraitée



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