Musée de la Vie wallonne

Musée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonne

Focus

Les animaux dans la guerre

Vue du bétail concentré quai Henvart à Bressoux, 1914

Aider les personnes touchées à travers leurs animaux

Le conflit qui se déroule actuellement en Ukraine témoigne notamment, de manière brutale et émouvante, de l'interdépendance des vies humaines et animales. Que ce soit sur les routes ou dans les refuges, la guerre met également en lumière l'amour inconditionnel que l'Homme porte aux animaux de compagnie.

Ces dernières semaines, nous avons vu des millions d'Ukrainiens contraints à l'exil. Ils ont tout laissé derrière eux, mais certains n'ont pu se résoudre à se séparer de leur animal de compagnie et les ont emmenés dans leur fuite. Cette réalité confirme bien la propension de l'être humain à considérer l'animal comme un membre de sa famille. Face à cette situation, de nombreuses actions de solidarité ont été mises en place. En Belgique, l'Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (l'Afsca) a accordé un assouplissement de la réglementation européenne sur les mouvements non commerciaux de certains animaux de compagnie, à savoir les chats, les chiens et les furets. Cette décision fait suite à une demande de la Commission européenne d'autoriser l'entrée sur son territoire de réfugiés voyageant avec des animaux de compagnie sans que ces derniers ne doivent être muni d'une puce électronique ou d'un document d'identification. Dans une démarche similaire d'entraide, les 6 dispensaires de la Fondation prince Laurent sont accessibles aux animaux ayant fui la guerre. Des soins y sont prodigués gratuitement et des articles de premières nécessité comme des paniers, des laisses ou des croquettes sont distribués.

D'autres animaux, moins chanceux, ont été abandonnés et sont restés en Ukraine. De nombreuses initiatives ont dès lors été mises en place afin de leur apporter une aide, comme des collectes de dons organisés par des particuliers ou des associations tel que le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) qui envoie de l'argent à des refuges ukrainiens pour leur permettre de nourrir les animaux et payer les soins vétérinaires. Sur place, volontaires et organisations locales viennent directement au secours des animaux abandonnés en approvisionnant, par exemple, les refuges, ainsi que les personnes qui ont décidé de rester chez elles avec leurs animaux. Des convois sont également organisés pour emmener en lieu sûr les chiens et chats retrouvés dans les zones de combat afin de les remettre sur pied avant de les offrir à l'adoption.

A côté des animaux de compagnie, il y a également les animaux d'élevage comme les vaches, les moutons, les cochons ou les poules pour lesquels aucune information n'est disponible. Il est probable qu'ils ne soient pas autorisés à quitter l'Ukraine car considérés comme ressource stratégique dans la guerre en cours. Il y a également le cas particulier des animaux sauvages en captivité dont le transport s'avère complexe à organiser. A noter que la Belgique a déjà accueilli 2 lions nommés Tsar et Jamil au Natuurhulpcentrum en province de Limbourg.

« Les animaux de guerre »

Les animaux n'ont pas toujours subi la guerre, ils y ont également participé. L'utilisation des animaux par les hommes à des fins militaires résulte de leur domestication depuis des millénaires. Ce sont les équidés qui ont été les plus utilisés en temps de guerre pour porter des charges telles que du matériel, de la nourriture, des munitions, des armes ou encore des soldats.

Lors de la Première Guerre mondiale, les animaux n'ont pas été épargnés par le conflit au même titre que les hommes qu'ils assistent, nourrissent ou réconfortent. Dès 1914, les animaux sont réquisitionnés et font partie intégrante du paysage militaire. Ils remplissent de nombreuses missions comme la cavalerie, la livraison de ravitaillement, les renseignements (pigeons ou chiens de liaison), ainsi que certaines missions de reconnaissance et de défense. Ils se distinguent également dans le transport (chevaux, ânes, bœufs) avec notamment la traction canine, spécialité belge qui consiste à faire tirer des mitrailleuses par des chiens.

A l'instar de véritables soldats, les animaux sont confrontés à la violence des champs de bataille et souffrent autant de privations que de blessures (gaz, explosions, projectiles). Ils ont également joué un rôle considérable de réconfort moral auprès des troupes. Considérés comme de véritables compagnons, ils vivent aux côtés des soldats qui parfois les adoptent ou en font leur mascotte.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Américains ont cherché à concevoir des systèmes de guidage de bombes et ont créé le Projet pigeon qui consistait à installer ces oiseaux dans l'ogive de bombes. À l'aide d'un entraînement spécifique, d'un viseur et d'un dispositif de commande, ils seraient capables de guider le missile vers une cible déterminée et seraient donc des "pigeons kamikazes". Ce projet n'aboutira cependant jamais et sera abandonné en 1944, alors que se développaient de nouvelles technologies, comme le radar.

Aujourd'hui, les armées utilisent encore les animaux. C'est le cas actuellement de la Russie qui, selon des experts, utiliserait des dauphins pour empêcher les plongeurs ennemis de s'infiltrer dans les ports en vue de saboter les navires de guerre. Cette pratique ne serait cependant pas liée à l'actualité. En 2019, un béluga apprivoisé a été retrouvé dans les eaux norvégiennes portant un harnais avec une caméra et la mention "équipement Saint-Pétersbourg", insinuant qu'il ferait possiblement partie d'un programme militaire russe. En France, ce sont les aigles qui sont dressés par l'armée afin de chasser les drones.

Notons que l'armée implique d'autres types d'interactions avec le monde animal, notamment à travers l'expérimentation et les conséquences écologiques de ses activités.

Amélie Collin, Chargée de projets, Département Médiation culturelle

Légendes des illustrations:

1. Vue du bétail concentré quai Henvart à Bressoux, 1914. N°205055

2. Militaires posant avec leurs armes. Des chiens, attelés à des mitrailleuses, sont couchés à côté, 1900-1913. N°2069239

3. Carte-vue de différents uniformes de l'armée belge, avant 1914. N°2069240

4. Vue d'une rue dévastée avec un cheval mort, Visé, 1914. N°1052135-2229

1
2
3
4


Tous les focus