Musée de la Vie wallonne

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Focus

Le déclin des motos belges

Honda 450 CB Black Bomber, 1966, coll. Marc Ysaye

La déferlante asiatique

Alors que le pays est en pleine reconstruction d'après-guerre, l'industrie du motocycle subit une nouvelle crise dès les années 1950. Beaucoup de travailleurs délaissent ce moyen de locomotion au profit des voitures, pratiques et dont le prix se démocratise de plus en plus. Les répercussions sur le secteur se traduisent par la chute généralisée des ventes non seulement en Belgique, mais également en Europe. Néanmoins, ce n'est pas cette situation qui va mettre à genoux les grandes firmes belges.

Dès les sixties, le marché mondial apporte son lot de petites motos aux lignes modernes, légères, rapides, accessibles… et japonaises ! De nombreux pays européens décident de limiter les importations en augmentant les taxes douanières tout en encourageant leurs propres entreprises à exporter. Malgré l'appel du pied en 1951 de Saroléa, Gillet et FN afin de faire de même en Belgique, rien n'est réellement mis en place par l'État. Dès lors, Honda envahit les concessions avec sa CB 450 qui symbolise ce basculement vers une nouvelle ère : celle de la mondialisation.

L'espoir vain dans les petites cylindrées

Les constructeurs liégeois sont donc forcés de repenser leur production. Ils se tournent alors vers une nouvelle clientèle au potentiel prometteur dont l'émancipation ne cesse de croître depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : les femmes ! Pour répondre à leurs attentes, des scooters et petites cylindrées sont proposés avec un cadre surbaissé. Les campagnes publicitaires mettent en scène des modèles féminins, à l'instar de la Fabrique Nationale qui fait appel à la Miss Belgique de 1958 pour promouvoir son nouveau scooter Princess.

Aucune des stratégies et alliances entre industriels ne suffit à sauver les industries locales. Gillet ferme en 1959, FN arrête la production de motos dès 1965 et, finalement, Saroléa met la clé sous la porte en 1972.

Néanmoins, les anciens modèles mythiques construits au 20ème siècle n'ont pas tiré leur révérence. Suscitant un véritable engouement auprès des passionnés, certains modèles s'arrachent à prix d'or, tandis que les clubs d'ancêtres foisonnent au-delà même de nos frontières. Une Saroléa s'est d'ailleurs vendue à plusieurs milliers de dollars lors d'une vente aux enchères aux USA. Loin d'être anecdotiques, ces exemples montrent combien les motos du bassin liégeois continuent de faire rêver bon nombre de passionnés.

Sandra Damus, Chargée de projets, Département Médiation culturelle

Illustrations :

1. Honda 450 CB Black Bomber, 1966, coll. Marc Ysaye.

2. Panneau des constructeurs motocyclistes belges interpellant le gouvernement au salon auto-moto de Bruxelles, 1951, coll. Yves Campion.

Bibliographie:

GASPARD Gilbert, Les demoiselles de Herstal, la motocyclette liégeoise des origines à 1940, Vaillant-Carmanne Editions, Liège, 1975.

KUPELIAN Jacques et SIRTAINE Jacques, Motos belges, Overijse, 1983.

Livre d'or de l'automobile et de la motocyclette, Royal Motor Union, Liège, 1951.

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