Musée de la Vie wallonne

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Focus

Le suffrage universel masculin a cent ans !

Affiche de propagande pour l'obtention du suffrage universel

En novembre 1919, un an après l’Armistice, tous les hommes belges âgés de plus de 21 ans peuvent glisser leur bulletin dans l’urne.

Ce suffrage universel, appliqué pour la première fois lors du premier scrutin législatif de l'après-guerre, est le fruit d'un combat qui remonte déjà à plusieurs décennies.

Pendant plus d'un demi-siècle, la Belgique connaît un régime électoral basé sur la richesse. Le vote est censitaire, seuls les citoyens pouvant payer un impôt dont le seuil est suffisamment élevé peuvent participer au scrutin. De ce fait, ils envoient au Parlement leurs semblables ; seuls les possédants siègent à la Chambre et au Sénat. Dans le dernier quart du 19e siècle, la naissance du Parti ouvrier belge, l'éclosion de la démocratie chrétienne, la conscientisation croissante des classes populaires, poussent à l'élargissement des conditions requises pour l'exercice du droit de vote. La révision constitutionnelle de 1893, voulue par les socialistes, la fraction progressiste du Parti libéral et l'aile gauche du parti catholique, instaure le suffrage universel tempéré par le vote plural. Certains électeurs se voient octroyer une ou deux voix supplémentaires en fonction de leurs conditions de famille, de fortune ou d'instruction. Malgré ces freins, des élus issus des classes populaires entrent au Parlement. Vingt-huit députés socialistes, tous élus dans les arrondissements wallons, siègent pour la première fois à la Chambre. La poussée pour l'obtention du suffrage universel pur et simple ne faiblit pas et culmine, en 1912, par des mouvements sociaux sévèrement réprimés : plusieurs manifestants sont tués lors de grèves et émeutes qui se déroulent principalement dans les bassins industriels. En avril 1913, de 300 000 à 450.000 salariés se mettent en grève pendant dix jours.

Après les quatre années de guerre qui ont vu les classes sociales se mêler dans les tranchées de l'Yser, le roi Albert Ier reçoit une série de personnalités au château de Loppem et décide, au grand dam des conservateurs, d'octroyer le suffrage universel pur et simple. Pour ne pas traîner, une loi est votée le 19 avril sans passer par l'étape de la lourde procédure de révision constitutionnelle (le texte fondamental sera modifié en 1921).

Tous les hommes belges de plus de 21 ans peuvent voter mais les femmes devront attendre 1948 pour bénéficier de ce droit ! Une concession cependant : l'octroi du vote aux veuves et mères de soldats morts ou de civils fusillés du fait de l'ennemi et aux femmes condamnées ou détenues, durant le conflit, pour motif patriotique.

F. M.-P. - Responsable du Fonds d'Histoire du Mouvement wallon

Légendes des illustrations :

1. La propagande électorale sur la façade du Théâtre royal de Liège, début du 20è siècle

2. Souvenir des victimes des élections législatives de 1912

3. Souvenir des victimes des élections législatives de 1912

4. Soupe communiste organisée à Jupille durant la grève d'avril 1913 pour l'obtention du suffrage universel

1. La propagande électorale sur la façade du Théâtre de Liège
2. Souvenir des victimes des élections législatives de 1912
3. Souvenir des victimes des élections législatives de 1912
4. Soupe communiste organisée à Jupille


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