La Province de Liège se souvient

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Sur la Résistance

N° 5 - Vivre la guerre
partager sur Twitter partager sur Facebook   Publié le 01-09-2020

Vivre la guerre

La guerre est finie, ou presque. C'est l'occasion de faire le point sur des aspects particuliers de la vie quotidienne durant l'occupation et la période de reconstruction. L'occasion de prendre du recul et de la hauteur sur le cours des événements.

Sur la Résistance

Dans l'ouvrage La Mémoire, édité à l'occasion du 50e anniversaire de la Libération et de l'exposition Nos libertés retrouvées, l'historien liégeois Francis Balace présentait une étude globale sous l'intitulé Aspects de la résistance en Province de Liège.

La province de Liège possédait sur son territoire, plus peut-être que tout autre de notre pays, les éléments favorables à une très rapide éclosion de la résistance à l'occupant. L'esprit frondeur et l'amour traditionnel, légendaire, de la liberté s'alliaient à un anti-germanisme vivace depuis les tueries de civils d'août 1914 et l'exaltation de l'héroïsme des garnisons des forts lors des deux guerres. Dans les années 1930 déjà, Liège et Verviers avaient été les centres de la polémique sur la défense de la frontière suscitée par les plans prévoyant d'ancrer nos positions défensives au centre de la Belgique. Ces deux villes avaient abrité des garnisons importantes ce qui facilitera les regroupements clandestins de militaires d'active et de réserve et la prolifération de fraternelles en tout genre comme paravents commodes. Les mêmes centres industriels connaissent un mouvement ouvrier et syndical particulièrement bien implanté et combatif, engagé avant la guerre dans les manifestations d'hostilité au fascisme et d'aide à ses victimes, qui ont parfois trouvé refuge et travail dans la région. On ne doit pas non plus négliger l'éclosion d'un sentiment wallon de plus en plus exacerbé qui s'est dressé contre le neutralisme de la politique gouvernementale et a pris fait et cause pour la France, par la presse mais aussi par des activités beaucoup plus discrètes, dès le déclenchement de la drôle de guerre en septembre 1939. Ville universitaire et intellectuelle, Liège peut constituer un bastion du refus de l'ordre nouveau, ou de l'ordre allemand tout court, et susciter l'héroïsme spontané de la jeunesse. On y trouvera aisément au sein des professions intellectuelles et libérales des militants et des cadres pour les deux formes de l'action clandestine qui naissent spontanément parce qu'elles ont été héritées de la première guerre et de la première occupation : la presse clandestine et le renseignement.

A première vue, la forte concentration urbaine et le manque de forêts étendues offrent un terrain peu propice aux activités de résistance armée sous la forme de maquis. Ceux-ci ne peuvent s'organiser que dans la région de la Lienne, de l'Ourthe-Amblève et de la zone-frontière avec la province du Luxembourg. En revanche, les nombreux villages et plaines et plateaux de Hesbaye et du Condroz permettent l'hébergement temporaire d'illégaux et l'établissement de zones de parachutage. La véritable coupure constituée par la vallée de la Meuse, compliquée par le sautage des ponts en 1940, explique que les activités de résistance se dérouleront en quelque sorte, quels que soient les mouvements concernés, dans deux mondes distincts selon qu'il s'agisse de la rive gauche ou droite du fleuve. Une grande partie du territoire provincial est un des couloirs aériens empruntés par les vagues de bombardiers alliés opérant au-dessus de l'Allemagne. Il joue donc un rôle important dans la récupération des aviateurs abattus et leur évacuation vers la France et Gibraltar via les lignes d'escape ou leur envoi, quand les opérations sur le sol français ne le permettront plus, dans les zones boisées ardennaises. La résistance jouera enfin un rôle non négligeable dans les plans d'opération alliés : rôle d'éclaireur et d'infanterie légère d'appoint, saisie des coupures naturelles successives que forment les vallées de l'Ourthe, de la Vesdre sur les axes de progression, et missions de harcèlement sur les lignes de retraite allemande, en particulier le plateau de Herve, pour empêcher que l'ennemi ne s'accroche sur la Meuse liégeoise et n'y achemine des renforts.

En attendant la Libération, le bassin industriel et charbonnier offre un terrain de choix aux saboteurs de la production utilisée par l'ennemi. Une grande partie de l'armement individuel de certains groupes provient des détournements d'armes effectués par les ouvriers de la F.N. de Herstal. La densité du réseau ferroviaire et électrique rend impossible sa protection efficace par l'occupant, ce qui permettra de désorganiser ses transports et ses communications au moment critique du débarquement en Normandie mais aussi bien avant. L'hostilité du monde campagnard aux structures imposées par la Corporation nationale de l'Agriculture et de l'Alimentation permet le sabotage efficace des récoltes de colza, supposé servir à la fabrication de lubrifiants et d'explosifs, mais aussi des livraisons de cheptel et de produits agricoles dont on pressent qu'une partie est prélevée par l'occupant pour son compte personnel. L'existence de charbonnages de carrières (surtout en Meuse hutoise et dans l'Ourthe-Amblève) fournit une ample source d'approvisionnement en dynamite.

Enfin, zone frontière avec l'Allemagne et proche du Limbourg comme du Luxembourg, la province de Liège sert de sas pour le recueil des prisonniers de guerre de toutes nationalités évadés des camps d'Outre-Rhin, des mines du Limbourg, des exploitations forestières. Des filières spécialisées sur la frontière, dont profiteront aussi les habitants pro-belges des Cantons de l'Est et des dix communes annexées par l'Allemagne désireux de se soustraire aux obligations militaires ou politiques imposées par le Reich.

Toutes ces activités de renseignements, de sabotages, de lutte armée ne doivent pas faire oublier que la Résistance n'avait été possible que par la complicité tacite de la population et par son raidissement au fur et à mesure de la poursuite de l'occupation, de son durcissement et de la dégradation de plus en plus implacable des conditions de vie de tout un peuple. A côté des motifs patriotiques ou idéologiques qui poussent un jour tel homme ou femme à passer du refus individuel à l'engagement personnel dans une action collective, il convient aussi de souligner l'impondérable poids de la révolte, de l'indignation, de l'humiliation quotidienne. Cette dernière naît de la rage devant une présence étrangère, des rancoeurs de la défaite, de la faim et de la misère, de la haine et du dégoût des Kollabos, mais aussi, comme un détonateur, d'un fait personnel, au hasard d'une bousculade, d'une perquisition…

Autant de résistances que de résistants, autant de formes, de l'action réfléchie au coup de colère, comme celui de Jean Clockers, ancien soldat de la Légion étrangère qui, le 30 mars 1942, indigné de voir des gardes wallonnes malmener aux Degrés Saint-Pierre à Liège, près de la place Saint-Lambert, des jeunes gens qui avaient souri à leur passage et les conspuaient, sort de sa poche, impulsivement, un pistolet chargé. Ce geste de révolte le conduira le 10 avril devant le peloton d'exécution… La Résistance était faite de ces milliers de cailloux jetés à la machine nazie mais qui, seuls, ne pouvaient rien.

Sur la presse et la propagande

Dans le catalogue de l'exposition Nos libertés retrouvées, intitulé La Mémoire, l'historien Marc Lorneau a publié un travail de recherche sur le thème Une guerre totale, presse et propagande durant la Deuxième Guerre mondiale. La synthèse qu'il proposait permet de dégager les axes majeurs liés à ces thèmes depuis l'invasion allemande jusqu'au-delà de la Libération.

Durant le conflit, la politique appliquée par les Allemands en matière de propagande et d'information ne cherche pas seulement à neutraliser ou à occulter les nouvelles susceptibles de ternir l'image de l'occupant ; il s'agit également de dénigrer systématiquement l'ennemi extérieur (la Résistance) et de conditionner l'opinion publique à l'idéologie nationale-socialiste : l'ordre nouveau, l'antibolchevisme et l'antisémitisme. Avec un tirage total de 900 000 exemplaires, la presse censurée et collaboratrice atteint un lectorat équivalent aux deux tiers de celui des grands quotidiens belges d'avant-guerre. Les campagnes ouvertement ou insidieusement antibolcheviques et anti-Alliés exercent une influence ponctuelle. Il semblerait pourtant que cette presse n'ait finalement que peu de prise sur l'opinion publique. Les défaites militaires allemandes, les difficultés de ravitaillement et la faim, le service du travail obligatoire et la contre-propagande organisée par les Alliés et la Résistance contribueront à affaiblir ou à annuler les efforts déployés par l'occupant et la collaboration.

La presse clandestine représente une des facettes de la propagande organisée par la Résistance : les tracts, les papillons, les graffiti, les chaulages, les brochures, les manifestations individuelles ou collectives ont fourni un support multiforme à l'expression tantôt revendicative, tantôt facétieuse ou sarcastique du refus, refus de la désinformation, refus de la politique du moindre mal, refus de l'occupation et de la collaboration, refus du travail obligatoire, refus de la faim…

Avec ses 600 publications recensées durant toute l'occupation, la presse clandestine représente cependant un secteur essentiel de l'expression de ce refus, dont le succès tient de la proximité géographique, idéologique et existentielle entre les rédacteurs de ces journaux et leurs lecteurs, et à la dynamique spécifique à un organe de presse. Ce dernier est autant le produit de la formation d'un groupe ou d'un parti que le vecteur privilégié autour duquel se cristallise une organisation. Le journal clandestin, par la mobilisation qu'il suscite, crée un mouvement de résistance dont il demeure l'épine dorsale. Rédiger, élaborer et diffuser un clandestin donne à chacun le sentiment d'agir sans attendre.

Par ailleurs, la presse clandestine reflète l'extrême diversité des opinions politiques ou philosophiques, des milieux socio-professionnels et des appartenances régionales ou locales prévalant au sein de la Résistance belge. S'il existe un consensus relatif autour de l'attitude à adopter à l'égard de l'occupant et de la collaboration active, les divergences apparaissent dès que certains thèmes sensibles sont abordés, la résistance armée et les exécutions, le roi Léopold III, le communisme, l'après-guerre et le rôle que la Résistance serait amenée à jouer à la Libération. La plupart des mouvements de Résistance s'accordent cependant pour taire momentanément leurs différends dont profiteraient la propagande et les polices de l'occupant.

A la Libération, on assiste à une renaissance spontanée des journaux au fur et à mesure des reconquêtes du territoire national. Lorsqu'ils sont en mesure de le faire, les propriétaires des organes de presse d'avant-guerre réoccupent leurs installations et reprennent la publication de leurs feuilles. Ainsi, l'ancienne équipe rédactionnelle du journal La Meuse édite le premier numéro de la Libération dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944.

Cependant, cette reprise ne se fait pas sans difficulté découlant de la désorganisation des services de la poste et des agences de presse, de la pénurie de papier, de l'épuration à l'encontre des journalistes et journaux collaborateurs et de la censure qui résulte de la poursuite des opérations militaires et de la proclamation de l'état de siège. La presse de la province de Liège, par exemple, est particulièrement bien pourvue avec ses 10 titres quotidiens sur 57 pour l'ensemble de la Belgique, répartis entre Liège, Verviers et Eupen.

La guerre semble avoir joué un rôle de catalyseur : la diminution totale du nombre de quotidiens entamée durant l'entre-deux-guerres, se poursuit après 1944. Par contre, les structures fondamentales demeurent inchangées, avec la suprématie des opinions politiques traditionnelles (catholique, libérale et socialiste).

En réalité, après le conflit, le renouvellement de la presse ne concerne que quelques titres. La guerre a provoqué des changements, mais les quelques modifications ne peuvent être interprétées en termes de bouleversements du paysage de la presse belge. Cette continuité reflète la stabilité relative des institutions politiques et sociales. Malgré les transformations intervenues dans le monde socialiste et social-chrétien, malgré le renforcement temporaire de la présence communiste, la Libération et l'après s'accompagnent pour l'essentiel d'une restauration des institutions et des structures d'avant-guerre. La hiérarchie des forces politiques, partiellement modifiées durant la période d'occupation, sera rétablie sur des bases plus traditionnelles.

Au quotidien…

Dans La Belgique depuis la seconde guerre mondiale, de Xavier Mabille et 1944-1945, La Wallonie libérée, de Mélanie Bost et Alain Collignon, sont évoquées les séquelles de l'occupation et le retour à la vie… Presque normale.

Dans la vie quotidienne, les effets de la guerre et de l'occupation perdurent et parfois s'aggravent du fait de la désorganisation civile qui accompagne un temps la Libération. C'est particulièrement le cas des conditions de vie de la population qui restent précaires : limitation des stocks de meunerie, pénurie de carburants, interruptions du courant électrique, interruptions du courant électrique dans les agglomérations urbaines… Par ailleurs, le ravitaillement du pays continue de poser problème pendant plus de deux ans : un département ministériel spécifique sera créé pour y faire face. La situation se rétablit progressivement. On peut considérer que le retour à la normale était déjà acquis depuis quelque temps au moment de la suppression du ravitaillement lors du remaniement gouvernemental de fin 1948.

En date du 27 juin 1944, déjà, un Commissariat belge au rapatriement est décidé par le gouvernement belge à Londres. Cette structure est dotée de la personnalité civile et est soustrait à certaines règles qui régissent habituellement des services à l'Etat. C'est l'ancien Premier ministre Paul Van Zeeland qui est nommé, au début d'octobre 1944, commissaire au rapatriement avec le titre de ministre plénipotentiaire. Le commissaire démissionne en août 1945 et le Commissariat est mis en liquidation, sans nul doute prématurément. Le collège des liquidateurs se consacre ensuite essentiellement à la recherche des disparus. En 1946, une exposition itinérante est organisée ; elle présente les photographies de quelque 20 000 personnes disparues pendant la guerre.

Les statistiques de l'époque sont nécessairement approximatives. Le recensement général des absents établi en 1944 porte sur 275 000 à 280 000 personnes, chiffre porté à 300 000 dans le rapport du commissaire au rapatriement de juillet 1945. Le tableau des rentrées recense 299 424 personnes fin 1946. En outre, des centaines de milliers de personnes d'autres nationalités transitent par la Belgique pour rejoindre leur propre pays.

Ainsi, la Wallonie est-elle traversée, comme partout en Europe, d'importants flux de population. Les Wallons sont particulièrement concernés par le retour des prisonniers de guerre. En effet, conformément aux principes de la Flamenpolitik de 1914-1918 (à l'inverse de l'engagement politique, une minorité de flamingants, les activistes, choisissent de collaborer à la Flamenpolitik menée par l'occupant, pour obtenir ce que l'Etat belge avait refusé soit une université flamande à Gand puis la séparation administrative du pays en 1917), les réservistes néerlandophones cantonnés à l'issue de la campagne des 18 jours ont été relâchés sur ordre d'Hitler dès le 5 juin 1940. Ceux des Cantons de l'Est, qui venaient d'être renationalisés allemands purent également rentrer chez eux (avant d'être contraints de repartir sur le front de l'Est, sous l'uniforme de la Wehrmacht). A l'exception de quelques professions utiles à l'ordre public, les militaires wallons et bruxellois francophones furent eux envoyés en Allemagne, dans les stalags et les oflags. Plus tard, dans les camps, les militaires flamands furent libérés à l'issue d'une nouvelle sélection et avec eux quelques Wallons ayant réussi le test linguistique censé démontrer leur origine flamande. L'intervention du Roi en faveur des milliers de Wallons internés, notamment lors de l'entrevue de Berchtesgaden (résidence d'Adolf Hitler), n'eut aucun effet.

Par ailleurs, à cette époque, l'industrie belge repose sur le charbon, mais aussi les transports, le chauffage et l'éclairage. Or, au sortir de la guerre, l'industrie charbonnière va mal. La raison principale de la baisse inquiétante de la production journalière, ce sont les mineurs ; ils sont épuisés, dénutris, ce qui cause un important absentéisme. La bataille du charbon désigne en 1945 le vaste effort entrepris pour produire, comme avant 1940, 100 000 tonnes de charbon par jour.

Le gouvernement prend alors la décision d'utiliser la force de travail des prisonniers de guerre allemands. Puisqu'il manque 50 000 à 60 000 mineurs belges, pourquoi ne pas aller les chercher parmi les centaines de milliers d'Allemands inactifs dans les camps américains et anglais. Malgré le caractère douteux du procédé sur le plan du droit international, les Alliés acceptent d'en céder une partie. Pour la première fois de son histoire, la Belgique, passant en quelque sorte de la posture de nation occupée à nation occupante, met au travail des prisonniers de guerre. Pendant deux ans, ceux-ci vont contribuer à son redressement économique.

Par comparaison avec les pays voisins, la Belgique bénéficie à l'issue de la guerre de certains atouts, au premier rang desquels la sauvegarde d'équipements et d'infrastructures. Grâce à une intervention de la Résistance, les installations portuaires d'Anvers ont été préservées pour l'essentiel : elles étaient pratiquement intactes à la Libération, ce qui contraste avec l'état des ports de Rotterdam et Le Havre, dont les installations avaient été grandement endommagées.

De même, comme déjà évoqué, les charbonnages sont en état d'être exploités, ce qui est de première importance à un moment où la houille constitue encore la principale source d'énergie pour les particuliers, pour les chemins de fer et pour l'industrie.

En matière économique encore, le ministre des Finances Camille Gutt mène, dès octobre 1944 une opération d'assainissement monétaire, bloquant les avoir en billets ou comptes et ramenant la circulation monétaire à un niveau effectivement en rapport avec la masse des biens disponibles. De ce fonds bloqué, près de 40 milliards de francs belges sont réinjectés dans le circuit économique avant la fin 1948. Un emprunt d'assainissement monétaire à plus long terme d'un montant de 63,5 milliards est amorti grâce au produit d'impôts spéciaux et extraordinaires : impôt sur le capital, impôt sur les bénéfices réalisés avec l'ennemi, impôt extraordinaire sur les bénéfices exceptionnels.

Autre atout dont dispose la Belgique : le Congo belge et ses ressources. Les gouvernements belges avalisent la politique d'approvisionnement des états-Unis en uranium menée par l'Union minière du Haut-Katanga et la Société générale de Belgique. C'est l'uranium ainsi fourni qui a rendu possible la bombe atomique lâchée sur Hiroshima…

Par contre, c'est dans la mesure où la Belgique dispose d'atouts importants qu'on va y observer une certaine tendance à l'immobilisme.

Cela se traduit par un manque d'investissements et par un réel retard à faire les modernisations qui s'imposent. Le vieillissement des structures économiques du pays va ainsi s'aggraver. L'activité économique reste axée sur des produits lourds semi-finis et a peu recours à la main d'œuvre spécialisée. Les initiatives industrielles sont rares. En outre, existent en grand nombre des entreprises de petite et moyenne dimension aux capitaux limités et à l'organisation technique et commerciale souvent rudimentaire.

Quant à la question royale, qui concerne tous les Belges, qui dure de l'été 1945 à l'été 1950, elle constitue aussi un handicap majeur en mobilisant beaucoup d'énergies politiques alors que la reconstruction du pays exige encore d'importants efforts…

L'enfer nucléaire à Hiroshima et Nagasaki…

Les femmes risquent d'accoucher d'enfants mal venus, de monstres, mais ça continue.
Les hommes risquent d'être frappés de stérilité, mais ça continue.
La pluie fait peur.
Des pluies de cendres sur les eaux du Pacifique.
Les eaux du Pacifique tuent.
Des pêcheurs du Pacifique sont morts.
La nourriture fait peur.
On jette la nourriture d'une ville entière.
On enterre la nourriture de villes entières.
Une ville entière se met en colère.
Des villes entières se mettent en colère.

(Extrait du film Hiroshima, mon amour du réalisateur Alain Resnaix, 1959)

Hiroshima, mon amour est un film franco-japonais qui évoque le thème de la mémoire. Il raconte la rencontre d'une Française (une actrice qui tourne un film sur la paix) et d'un Japonais (un architecte dont la famille a disparu sous les bombes) à Hiroshima quatorze années après les bombardements atomiques. C'est une fiction qui évoque la guerre et les bombes lancées sur la ville, un poème d'amour et de mort et un appel à la réconciliation entre les peuples. Comme Nuit et brouillard, ce film participe du devoir de mémoire et rappelle, même si cela peut paraître dérisoire par rapport aux morts et blessés d'Hiroshima, l'injustice qui a frappé, à la libération de la ville de Nevers, le soldat allemand, tué, et la française, tondue, pour avoir été coupables d'amour.

Le 6 août 1945, la première bombe nucléaire américaine détruit la ville d'Hiroshima. Trois jours plus tard, une seconde bombe est larguée au-dessus de la ville de Nagasaki.

Le colonel Paul Tibbets, est à bord du bombardier Enola Gay (le prénom de sa maman) qui largue Little Boy. A la vue de la boule de feu d'un kilomètre de diamètre, il s'écrie Mon Dieu qu'avons-nous fait ! Même si je vis cent ans, je garderai à jamais ces quelques minutes à l'esprit. Quant au capitaine Tibbets, à bord lui aussi, il écrira : Il est difficile d'imaginer ce que nous avons vu ensuite : cet éclair aveuglant de l'explosion et une effrayante masse de fumée noire qui montait vers nous à une vitesse extraordinaire après avoir recouvert toute la ville, dont nous pouvions distinguer quelques instants auparavant les rues et les grands immeubles.

Testuko Shakuda a 14 ans. Elle se souvient de la peur, de la faim. Pour elle, il faut transmettre ce souvenir aux générations à venir parce que les gens qui savent ce qui s'est passé sont en train de s'éteindre. Nous ne serons plus longtemps de ce monde. Il faut écrire ces histoires, que les gens racontent ce qu'ils pensent, ce qu'ils ont ressenti étant enfant. Il faut enregistrer cela pour l'histoire.

Autre survivant, Hamasumi Jiro a été exposé aux radiations alors qu'il était encore dans le ventre de sa mère. le coronavirus ne m'empêchera pas de continuer à me battre pour qu'on arrive enfin à un monde délivré des armes nucléaires.

Pour les survivants de l'apocalypse nucléaire, les Hibakusha, littéralement ceux qui ont fait l'expérience de la bombe, les épreuves ne faisaient que commencer. Ils furent privés pendant de longues années des traitements spécifiques qui eussent atténué les effets de leurs blessures et des maladies entraînées par l'irradiation nucléaire massive, tels les cancers, les leucémies et les malformations génétiques.

A l'époque, rares furent les condamnations publiques. Dans Combat, le 8 août 1945, Albert Camus écrit : La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes scientifiques (…). Devant les perspectives terrifiantes qui s'ouvrent à l'humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d'être mené.

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1941, le syndicat organise les grèves du Bassin liégeois
Liège, ville universitaire est un pôle de contestation
1941, 1er numéro de la Voix des Belges
La Résistance belge pendant la Seconde Guerre mondiale (1943-44)
1944, actes de résistance partout en Europe
Il faut déstabiliser l'occupant au maximum
Vivre la guerre (suite)
Le sabotage, au sein des entreprises, est l’affaire de tous
Walthère Dewé, chef de réseau, en 1940 comme en 1914, et abattu
Jean Clockers, 24 ans, il s'est rebellé, ils l'ont exécuté
 La Libre Belgique clandestine
1942, la Résistance organisée © CegeSoma
Vivre la guerre (suite 2)
1944, staff de Radio Belgique à Londres
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La propagande, véritable acte de résistance à l’occupant
Vivre la guerre (suite 3)
10 mai 1941, Liberté !
1942, La Belgique unie
Mai 1942, Le Monde du Travail
15 janvier 1942, La Libre Belgique
17 novembre 1942, tract de propagande
Papier créé au sein de cellule de résistance
Vivre la guerre (suite 4)
France, Belgique... Europe, même combat économique
Xavier Mabille, politologue, historien  et auteur belge
La Belgique depuis la Seconde Guerre mondiale, X. Mabille
Piquet de grève devant la fosse n° 9 de Lens en 1948
Barricades érigées à l’entrée des sites miniers (1948)
Vivre la guerre (suite 5)
Exploitations minières belges au Congo, dont l’uranium
Début 1950, Courtrai, manifestation favorable au retour du Roi
Camille Gutt, Ministre des Finances belge de 1940 à 1945
Le port d’Anvers un atout primordial
Vivre la guerre (suite 6)
Le 6 août 1945, la bombe atomique anéanti Hiroshima
Il est 8 h 15
Tout a disparu, c'est un désastre
Hommes, femmes et enfants sont meurtris
Désolation
Désolation
Désolation
Certaines familles s'en sortent mieux