75 ans après la Libération de l'Europe, le temps fait son travail. Pourtant, n'oublions pas que des conflits se produisent tous les jours, le danger des extrémismes ressurgit, des querelles naissent toujours ici ou là. N'oublions pas non plus que ne pas se souvenir, c'est être contraint de revivre ce que nos ancêtres ont enduré.
Le prix de la liberté, face à tous les dangers qui nous menacent, c'est de demeurer sans cesse en alerte, d'apprendre à connaître le passé, de s'informer avec esprit critique du présent et de lutter activement contre toutes les formes d'intolérance. Interrogeons-nous sur ce que nous serions aujourd'hui si le trop célèbre « ordre nouveau » s'était imposé…
Dans un monde en effervescence, dans lequel nous vivons avec anxiété, dans un monde où on meurt de faim, on s'entre-tue, on emprisonne, on avilit, on torture, on exécute, il est plus que jamais important que la jeunesse soit informée de ce passé tragique si l'on ne veut pas que de nouvelles générations connaissent le même sort.
L'expérience du passé doit aider et servir les générations futures. Face aux menaces de notre temps comme la résurgence des extrémismes, la banalisation des conflits, la démission des idéologies ou encore l'exaspération des nationalismes, il est urgent de replacer valeurs éthiques et morales sur les voies d'un humanisme teinté de sagesse, car la vie doit rester possible et le genre humain se perpétuer.
Depuis les années 1980, s'est épanoui un véritable culte des anniversaires commémoratifs. Cela coïncidait peu ou prou avec l'émergence d'une mentalité qualifiée de « post-moderniste ». La « mort des idéologies » aidant, cette mentalité se concevait désormais comme une synthèse dynamique du passé et non plus comme une tension vers un devenir hypothétique, utopique.
Pourtant il s'agit de s'interroger sur la signification et la pertinence de ces commémorations. Contribuent-elles au renouveau de la connaissance historique ? S'inscrivent-elles dans une démarche culturelle ou sociale ?
Plutôt que de connaissances historiques, il est davantage question de « leçons » de l'histoire. Quelles valeurs ont motivé les combats ? Comment peuvent-elles nous influencer dans les luttes et les enjeux actuels ? Ne s'agit-il pas en définitive des mêmes enjeux ? A cela, l'historien rétorquera que le contexte n'est jamais le même et que le passé – ce qui s'est passé – modifie nécessairement les dimensions actuelles. Et pourtant, tous ne prennent pas les mêmes précautions et l'on entend souvent énoncer cette maxime éculée selon laquelle l'histoire ne serait qu'un « éternel recommencement ».
Il est essentiel d'intervenir à propos du comment et du pourquoi, sous peine de laisser dire et écrire n'importe quoi… Il est fondamental de ne pas se soustraire au devoir de « vulgarisation », terme ambigu et malvenu pour une tâche somme toute parmi les plus nobles.
Qui dit commémoration dit aussi reconstitution et donc risque inévitable de reconstruction. Comment restituer hier à travers le prisme d'aujourd'hui ? Comment transmettre, par le regard des témoins, les archives, les écrits, les images, la connaissance historique aux citoyens d'aujourd'hui ?
A l'heure du regain des nationalismes et des dérives auxquelles ils aboutissent, le travail de mémoire est indissoluble de la dimension idéologique du message à transmettre. Une commémoration n'est jamais neutre et s'inscrit dès lors aussi dans nos enjeux quotidiens d'aujourd'hui et de demain. A l'heure où la démocratie semble ou se sent fragilisée, il est opportun et nécessaire de rappeler l'essence perçue comme fondamentalement démocratique de la victoire en 1945. En filigrane, apparaît la volonté de lutter contre ceux qui sont les héritiers des anciens ennemis… L'extrême-droite actuelle nous renvoie ainsi à la peste brune d'hier.
Une opération qui s'inscrit dans la continuité de l'action provinciale en matière de citoyenneté.
En maints endroits, la résurgence des nationalismes d'exclusion fait craindre le pire. (…) L'Histoire ne peut se limiter à s'identifier aux moments de liesse auxquels la Libération a donné lieu, même si, encore aujourd'hui, ils réchauffent les cœurs (…). L'Histoire qu'il nous paraît urgent de revisiter est celle du triomphe des droits de l'homme, de la tolérance, de la liberté et de la démocratie (…) et de leur nécessaire pérennité en tant que valeurs universelles indispensables, la paix entre les gens et entre les peuples.
Des mutations importantes marquent cette fin de siècle, cette fin de millénaire. Le monde se transforme au gré des révolutions industrielles, des systèmes techniques successifs, des crises économiques et des bouleversements sociaux. Par corollaire, les modes de vie, de pensée et d'action sont modifiés (…). Puisse cette exploration dans le temps et l'espace générer un plaisir d'apprendre, une envie d'approfondir, un besoin de méditer. Puissent le lecteur (…) et le visiteur (…), se muer en acteur, en individu responsable et en citoyen du monde.
Après l'Image et la Machine, le cycle « L'Homme du xxe siècle à l'aube du troisième millénaire » se termine avec un sujet plus que jamais d'actualité (…) En proposant à un large public trois expositions de synthèse à vocation pédagogique et didactique, la Province de Liège joue pleinement son rôle de service public (…), elle met à la disposition du plus grand nombre des outils de déchiffrement et d'aide à la compréhension d'un quotidien de plus en plus complexe (…). Puissent ces réflexions éthiques et humanistes aider l'homme du prochain millénaire à préserver les valeurs qui le définissent et l'aident à perpétuer le vivant.
Tout fleuve a sa source qui l'alimente, le nourrit, l'enrichit. Tout peuple a des racines qui le construisent, qui le façonnent. Chacun de nous est de quelque part, vit là où le destin l'a conduit. Insensiblement, de manière parfois irrationnelle, nous sommes les héritiers de ce passé (…) Nous l'assumons, le jugeons, l'interprétons, le rejetons, selon. La sagesse nous engage à le connaître afin de nous reconnaître. Alors seulement, nous pouvons jouer pleinement notre rôle d'acteur de cette Histoire qui ne cesse de s'écrire au quotidien, agir individuellement et collectivement, œuvrer à nos vies.
A une époque en pleine mutation sur les plans économique, social et culturel, il est primordial de donner aux jeunes des messages clairs, des repères précis et des outils abordables pour les amener sur « Les chemins de la citoyenneté » (…). Nous osons espérer que ce travail vous permettra de mieux aborder ces thèmes avec les jeunes et de développer chez eux des valeurs essentielles, telles que la tolérance, le respect et la participation.
Aujourd'hui, plus encore qu'hier, il est important de se rassembler autour de valeurs qui fondent notre démocratie. L'indignation ne suffit plus. Il n'est plus possible de rester indifférent face aux multiples conflits engendrant leurs conséquences de misères et d'injustices. La citoyenneté, c'est l'affaire de toutes et de tous.
Face aux divers défis environnementaux, économiques, migratoires et politiques que notre planète en transition doit relever, tous ensemble, replaçons l'humain au centre de nos préoccupations. Dans ce contexte, la province de Liège s'engage à être un « laboratoire », un incubateur et un diffuseur de solutions afin de surmonter la crise à laquelle est actuellement confrontée la société. Il faut mobiliser les consciences vis-à-vis des problèmes (…) mais aussi fournir les clefs pour encourager l'ouverture d'esprit et l'ouverture à l'Autre.