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Alice Kesenne

Interview de Alice Késenne
partager sur Twitter partager sur Facebook   Publié le 08-12-2022

Sapeur-pompier : mon rêve se réalise !

Quelle est votre motivation?

J'ai toujours voulu être pompier, j'ai senti cette vocation dès mon plus jeune âge mais je pensais que ce métier n'était réservé qu'aux hommes. Quelle ne fût donc pas ma surprise quand j'ai reçu la lettre de l'École des Cadets, seule école en province de Liège et créée en 2007, qui m'annonçait que cette formation et le métier de sapeur-pompier étaient aussi accessibles aux femmes !

Quel parcours avez-vous suivi ?

J'ai donc tout de suite postulé ! Agée alors de 15 ans et en plein cursus d'études dans le secondaire, j'ai passé et réussi les trois épreuves d'admission (tests cognitifs, de maniabilité, épreuves sportives et interview). J'ai aussi pu mettre à profit les nombreux sports que je pratique (jogging, natation, vélo, musculation).

Très motivée, je savais que je devais m'impliquer les samedis, mercredis et jours de congé afin de pouvoir suivre les cours pratiques et théoriques.

La pratique est donnée sur le site provincial réaménagé à Amay, lequel offre une réelle plus-value. Cette infrastructure permet de s'exercer à la pratique dite « chaude » (des conteneurs adaptés permettent de simuler des feux, de les analyser ainsi que les fumées avant de tenter leur extinction et d'approcher le feu en toute sécurité) et à celle dite « froide », par le biais d'une maison à étages dans laquelle nous devons nous déplacer à l'aveugle, et nous pratiquons aussi la désincarcération et tout ce qui a trait aux tuyaux d'incendie et à l'alimentation en eau.

Les cours théoriques étaient ceux donnés dans la première partie du brevet B01, à savoir notamment culture administrative, attitude et comportement, protection individuelle, lutte contre l'incendie, secours techniques, substances dangereuses.

Cette formation est basée sur l'éducation au civisme et à la citoyenneté. Elle s'organise sur 2 ans en étroite collaboration transversale avec l'École du Feu, l'École Provinciale d'Aide Médicale Urgente et l'École de Police. Il est important que sur le terrain, tous ensemble nous agissions en parfaite maîtrise et symbiose tout en étant solidaires et respectueux des actes de chacun. Il y a vraiment une vraie complicité et solidarité qui se crée entre nous tous et c'est très enrichissant.

L'encadrement est assuré par de nombreux formateurs très qualifiés et expérimentés.

Au terme de ces 2 années de formation, qui constitue 70% de la formation de sapeur-pompier (soit 184 heures sur les 264 que doit suivre un futur sapeur-pompier), j'ai obtenu le certificat d'aptitude fédéral sapeur-pompier, indispensable pour postuler dans les Zones de secours, le « module 1 » du brevet de sapeur-pompier, le brevet de réanimation européen ainsi que le brevet de secouriste industriel.

Un pas de plus vers le terrain : l'intégration de la Zone de secours de Flémalle en tant que pompier volontaire.

Je suis désormais recrue pompier, j'ai intégré le poste de Flémalle qui fait partie de la Zone de secours de Liège (IILE – SRI) et je poursuis parallèlement mes études de communication à la HEPL (Haute Ecole de la Province de Liège).

En province de Liège, les pompiers sont majoritairement des volontaires et c'est ce que j'ai choisi d'être, donc en plus de ma future activité professionnelle.

J'ai été envoyée sur le site d'Amay afin de compléter ma formation en pratique « chaude ». L'École du Feu prodigue ainsi les 30% restant dans le cadre de la formation obligatoire.

Dès que j'aurai réussi le module 6 de cette formation fin décembre 2022, je pourrai participer aux diverses interventions.

Je m'en réjouis !

Quelles qualités sont nécessaires pour réussir ces formations et pour pouvoir exercer ce métier ?

Il faut avoir un esprit d'équipe car sur le terrain, nous sommes tous solidaires et avons besoin les uns des autres. Dévouement, discipline et volonté doivent aussi nous caractériser. Par contre, nous ne devons pas vraiment faire preuve d'empathie afin de pouvoir prendre du recul pour pouvoir agir en toute objectivité ni émotion. Certaines situations exigent une forte dose de courage afin de pouvoir affronter ces urgences sans faillir.

Au sujet de la gestion du stress, je sais qu'il existe la cellule API (Appui Psychologique aux Intervenants) de la Province de Liège, en fonction de ma future expérience je verrais si je souhaite faire appel à ses services voire même de postuler en tant que référent pour aider mes confrères en cas de difficultés psychologiques, suite à une intervention difficile.

Être une femme, un avantage ?

Certaines victimes se sentent plus en confiance si elles sont prises en charge par une femme. Par contre, du haut de mon 1,74m, je n'ai pas une physionomie qui me permette de me faufiler dans des petits endroits, mais je laisse cela à des collègues masculins plus petits que moi !

Je souhaite que l'on me perçoive comme « un pompier comme les autres », pas sous mon statut de femme.

Cet article a été publié dans le magazine "Notre Province" n°96 en décembre 2022.

Alice
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