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Focus

Journée internationale des droits des femmes

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne / Olympe de Gouges (1791)

Livres documentaires - Sélection sur les grandes figures du mouvement féministe.

Non, ce 8 mars 2018, nous n'offrirons pas un abonnement gratuit aux 10 premières femmes qui franchiront les portes de la bibliothèque, nous ne mettrons pas en avant les ouvrages sur la maternité, la beauté ou la cuisine, et ce ne seront pas nos collègues masculins exclusivement qui seront au comptoir de prêts pour vous servir. Parce que cette journée est un symbole de lutte pour l'égalité, nous vous proposons plutôt un tour d'horizon des grandes figures de ce mouvement multiple qu'est le féminisme et de ses écrits les plus marquants, à retrouver bien entendu dans les rayonnages de votre bibliothèque. En outre, avec chaque photo, découvrez un lien complémentaire pour aller plus loin et mesurer l'aspect encore tellement contemporain de la lutte des femmes pour l'égalité.

1. Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne / Olympe de Gouges (1791)

« Considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont résolu d'exposer dans une déclaration solennelle, les droits naturels inaliénables et sacrés de la femme. »
Femme de lettres et femme politique, Olympe de Gouges est considérée comme une pionnière du féminisme. Très investie dans la révolution française, elle rédige en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, qu'elle adresse à la reine Marie-Antoinette, en écho à celle de 1789.
Retrouver le livre dans une bibliothèque du réseau : https://mabibli.be/node/3364229
Lire le texte en ligne sur Gallica : http://gallica.bnf.fr/essentiels/anthologie/declaration-droits-femme-citoyenne-0

2. Une chambre à soi / Virginia Woolf (1929)

« Or j'ai la conviction que cette poétesse, qui n'a jamais écrit un mot et qui fut enterrée à ce carrefour, vit encore. Elle vit en vous et en moi, et en nombre d'autres femmes qui ne sont pas présentes ici ce soir, car elles sont en train de laver la vaisselle et de coucher leurs enfants. »
Le sujet principal de ce texte est la place des auteurs de sexe féminin dans l'histoire de la littérature. Virginia Woolf se penche sur les facteurs qui ont empêché l'accession des femmes à l'éducation, à la production littéraire et au succès. L'une de ses thèses principales, qui a donné son titre à l'ouvrage, est qu'une femme doit au moins disposer « de quelque argent et d'une chambre à soi » si elle veut produire une œuvre romanesque.
Pourtant, les femmes ont écrit et agit, et ce n'est que dans un second temps qu'elles ont été invisibilisées dans le récit historique, comme en témoignent cet intéressant Tumblr qui vient compléter plus qu'infirmer la thèse de Virginia Woolf : http://invisibilisees.tumblr.com/
Pour retrouver le livre dans votre bibliothèque : https://mabibli.be/node/6984999


3. Le deuxième sexe / Simone de Beauvoir (1949)

« On ne naît pas femme : on le devient. Aucun destin biologique, psychique, économique ne définit la figure que revêt au sein de la société la femelle humaine ; c'est l'ensemble de la civilisation qui élabore ce produit intermédiaire entre le mâle et le castrat qu'on qualifie de féminin. »
Dans cet essai historique et philosophique qui a déchaîné les passions lors de sa publication au point d'être interdit par le Vatican, Simone De Beauvoir défend la thèse suivante : l'inégalité homme/femme est historiquement et idéologiquement construite. Les femmes doivent reprendre possession de leur destin, non en tant que femme, mais en tant qu'homme comme les autres. Ainsi, la femme ne doit plus être « femme », autrement dit le sexe inférieur, l'Autre, mais un homme, un humain.
Retrouvez ce livre en bibliothèque : https://mabibli.be/node/6853027
Apprenez-en plus sur la vie et la pensée de Simone de Beauvoir grâce à cette chouette BD sortie en 2016 : http://opac.provincedeliege.be/F/?func=direct&doc_number=002143561

4. Le programme commun des femmes / La cause des femmes, Gisèle Halimi (1973)

"Imaginez qu'un beau matin, au réveil, vous découvriez une France totalement différente de ce qu'elle est et de ce qu'elle a toujours été. Le président de la République ? Une femme. Le président de l'Assemblée nationale ? Une femme. Au Sénat, une présidente. Au gouvernement, un Premier ministre "Première" ministre… Et entourée de 90 % de ministres… femmes ! La Cour des comptes, le Conseil d'État, le conseil constitutionnel ? Tous présidés par des femmes. A l'Assemblée nationale, en 1997, 90 % de femmes députées. Même topo au Sénat, en bien pire… » A ce moment, sur ma droite, dans un murmure (masculin) : « Mais c'est un vrai cauchemar ! »
C'est pourtant le portrait fidèle mais inversé de ce que vivent les citoyennes en 1973 (et est-ce si différent aujourd'hui ?). L'année précédente, Gisèle Halimi, avocate et militante féministe, a plaidé la cause d'une jeune fille violée à 16 ans dans un procès pour avortement : le procès de Bobigny. Elle y a obtenu du sursis pour la mère et la relaxe de ses « complices ». Elle y a surtout lutté de façon retentissante pour la dépénalisation de l'avortement, que Simone Veil fera voter en 1974.
Retrouvez ce livre en bibliothèque : https://mabibli.be/node/6821685
En 1971, Gisèle Halimi est aussi une des 343 femmes à signer le fameux manifeste s'accusant du délit d'avortement, autres prémices à la loi Veil. Redécouvrez les archives de cet épisode marquant de l'histoire des femmes ici : https://www.franceculture.fr/histoire/avant-la-loi-veil-le-coup-declat-des-343-salopes

5. Femme, race et classe / Angela Davis (1983)

" Le système esclavagiste définissait les Noirs comme une marchandise humaine. Puisque les femmes étaient considérées comme des unités de travail productrices de profit au même titre que les hommes, leurs propriétaires ne faisaient aucune différence entre les sexes. Un universitaire affirme ; "La femme esclave était la servante perpétuelle de son propriétaire et, fortuitement, épouse, mère et femme au foyer." Si l'on se réfère aux tendances de la nouvelle idéologie de la féminité au XIXe siècle, la glorification des mères nourricières, douces compagnes et maîtresses de maison, transformait les femmes noires en anomalies. "
Alors que le féminisme de l'époque est critiqué pour ne porter qu'une parole de femmes blanches et aisées, Angela Davis s'inscrit dans une approche intersectionnelle : féministe, elle est aussi antiraciste, anti-impérialiste et anticapitaliste. Ses écrits vont permettre de porter le regard sur les imbrications des différentes oppressions qui traversent le corps des femmes noires.
Des thèmes qu'on retrouvera dans le documentaire d'Amandine Gay sorti fin 2017 : https://ouvrirlavoixlefilm.fr/
Retrouvez ce livre en bibliothèque : https://mabibli.be/node/5097868

6. La servante écarlate / Margaret Atwood (1985)

« Notre fonction est la reproduction : nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni des courtisanes. Au contraire : tout a été fait pour nous éliminer de ces catégories. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n'est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets, nulle faveur particulière ne doit être extorquée par des cajoleries, ni de part ni d'autre ; l'amour ne doit trouver aucune prise. Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c'est tout : vases sacrés, calices ambulants. »
Dans cette dystopie romanesque glaçante, les quelques femmes encore fertiles d'une « République » totalitaire dirigée par des fanatiques religieux sont réduites à l'esclavage sexuelle pour des maîtres et leurs épouses stériles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d'autres, va rejoindre un réseau secret afin de recouvrer sa liberté, celle d'un temps où les femmes pouvaient lire, travailler… Un monde qui fait étrangement écho à l'Amérique de Trump et à bien d'autres civilisations contemporaines.
La série tirée de ce célèbre roman a été saluée par la critique et sera bientôt disponible à la médiathèque : http://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=20677.html
Pour retrouver le livre en bibliothèque : https://mabibli.be/node/6361113

7. La pensée straight / Monique Wittig (1992)

« C'est que la catégorie de sexe est une catégorie totalitaire qui, pour prouver son existence, a ses inquisitions, ses cours de justice, ses tribunaux, son ensemble de lois, ses terreurs, ses tortures, ses mutilations, ses exécutions, sa police. Elle forme l'esprit tout autant que le corps puisqu'elle contrôle toute la production mentale. Elle possède nos esprits de telle manière que nous ne pouvons pas penser en-dehors d'elle. C'est la raison pour laquelle nous devons la détruire et commencer à penser au-delà d'elle si nous voulons commencer à penser vraiment, de la même manière que nous devons détruire les sexes en tant que réalités sociologiques si nous voulons commencer à exister. »
Poussant plus loin la réflexion de Beauvoir, Monique Wittig dénonce dans cet essai les catégories de genre et l'hétérosexualité comme système politique à l'œuvre dans la société. Elle démontre combien la condition féminine dépend d'une construction sociale plus que de la biologie et peut ainsi déclarer que « les lesbiennes ne sont pas des femmes » en tant qu'elles échappent à ce système de pensée qui définit la catégorie « femme » dans son rapport aux hommes.
Ses écrits influenceront le courant queer. Retrouvez d'autres lesbiennes remarquables, sur ce site qui entend lutter contre leur invisibilisation :http://www.queercode.net/
Pour retrouver ce livre en bibliothèque : https://mabibli.be/node/6668667

8. Les monologues du vagin / Eve Ensler (1996)

« "Vagin." Voilà, ça y est, je l'ai dit. "Vagin" - je le redis. Depuis que je travaille sur cette pièce, je le dis encore et encore. Je le dis au théâtre bien sûr, dans des facultés, dans des salons, dans des cafés, dans des dîners, à la radio, dans beaucoup de pays. Je le dis à la télé quand on me permet de le faire. Je le dis cent vingt-trois fois quand je donne ce spectacle, Les Monologues du vagin, qui est fondé sur les interviews de plus de deux cents femmes à propos de leur vagin. Je le dis dans mon sommeil. Je le dis parce que je suis censée ne pas le dire. Je le dis parce que c'est un mot indicible - un mot qui provoque l'angoisse, la gêne, le mépris et le dégoût. »
Eve Ensler a décidé de faire parler les femmes à propos de leur vagin. Au début, les femmes étaient timides, gênées à l'idée de parler de cette partie de leur corps sur laquelle pèse autant de tabous. Mais très vite, elles ne pouvaient plus s'arrêter et avaient des tas de choses à en dire. L'autrice a réalisé des centaines d'interviews qui sont devenus ces monologues, un texte lu et joué sur les scènes du monde entier. Suite au succès phénoménal de sa pièce, Eve Ensler a créé l'association V-Day en 1998, un mouvement mondial visant à mettre fin aux violences contre les femmes et les jeunes filles et à sensibiliser l'opinion publique à ces problèmes.
Retrouvez ce livre en bibliothèque : https://mabibli.be/node/3035199
Ecoutez un extrait de la pièce :https://www.youtube.com/watch?v=XW2OweGv-_E

9. La domination masculine / Pierre Bourdieu (1998)

« La domination masculine, qui constitue les femmes en objets symboliques, dont l'être est un être-perçu, a pour effet de les placer dans un état permanent d'insécurité corporelle ou, mieux, de dépendance symbolique : elles existent d'abord par et pour le regard des autres, c'est-à-dire en tant qu'objets accueillants, attrayants, disponibles. Onattend d'elles qu'elles soient « féminines », c'est-à-dire souriantes, sympathiques, attentionnées, soumises, discrètes, retenues, voire effacées. Et la prétendue « féminité » n'est souvent pas autre chose qu'une forme de complaisance à l'égard des attentes masculines, réelles ou supposées, notamment en matière d'agrandissement de l'ego. »
Pourquoi les filles sont-elles plus présentes dans les filières littéraires que techniques ? Avez-vous déjà remarqué qu'en réunion les hommes coupent la parole aux femmes bien plus souvent que l'inverse ? Pourquoi les activités traditionnellement féminines acquièrent-elles comme par magie un statut noble quand un homme s'en mêle (pensons aux chefs cuisiniers ou aux pères qu'on félicite de changer bébé) ? Le plus célèbre des sociologues se livre ici à une analyse des rapports sociaux entre les sexes et cherche à expliquer la permanence de la domination des hommes sur les femmes dans toutes les sociétés. Il met aussi à jour le mécanisme de déshistoricisation qui cherche à expliquer par des causes « naturelles » les habitus culturels.
Pour retrouver ce livre en bibliothèque : http://opac.provincedeliege.be/F/?func=direct&doc_number=001936472
« La domination masculine » est aussi le titre d'un excellent documentaire de Patric Jean qui dénonce le patriarcat, à voir ici ou à emprunter à la médiathèque : https://mabibli.be/node/6083710

10. King Kong théorie / Virginie Despentes (2006)

« Parce que l'idéal de la femme blanche, séduisante mais pas pute, bien mariée mais pas effacée, travaillant mais sans trop réussir, pour ne pas écraser son homme, mince mais pas névrosée par la nourriture, restant indéfiniment jeune sans se faire défigurer par les chirurgiens de l'esthétique, maman épanouie mais pas accaparée par les couches et les devoirs d'école, bonne maîtresse de maison mais pas bonniche traditionnelle, cultivée mais moins qu'un homme, cette femme blanche heureuse qu'on nous brandit tout le temps sous le nez, celle à laquelle on devrait faire l'effort de ressembler, à part qu'elle a l'air de beaucoup s'emmerder pour pas grand-chose, de toutes façons je ne l'ai jamais croisée, nulle part. Je crois bien qu'elle n'existe pas. »
Véritable « manifeste pour un nouveau féministe » (de la volonté même de l'autrice), King Kong Théorie est un texte puissant, féroce et radical. S'appuyant sur sa propre expérience du viol et de la prostitution, Virginie Despentes dézingue les catégories de genre et dénonce la culture du viol, les violences systémiques faites aux femmes et les injonctions contradictoires imposées par la condition féminine. Jubilatoire !
Pour retrouver ce livre en bibliothèque : https://mabibli.be/node/699011
En bonus, pour laisser tomber les diktats en matière de sexualité, on vous conseille aussi cette chouette BD, Libres / Ovidie : https://mabibli.be/node/798229

Retrouvez les conseils de vos bibliothécaires dans nos Focus et sur la page Facebook : http://www.facebook.com/bibliothequechiroux

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
Une chambre à soi / Virginia Woolf (1929)
Le deuxième sexe / Simone de Beauvoir (1949)
La cause des femmes / Gisèle Halimi (1973)
Femme, race et classe / Angela Davis (1983)
La servante écarlate / Margaret Atwood (1985)
La pensée straight / Monique Wittig (1992)
Les monologues du vagin / Eve Ensler (1996)
La domination masculine / Pierre Bourdieu (1998)
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