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Comprendre et réfléchir (Gazette de Guerre n°1: nos libertés retrouvées)

"Comprendre et réfléchir" (Gazette de Guerre n°1: nos libertés retrouvées)
partager sur Twitter partager sur Facebook   Publié le 29-10-2019

Fascisme et nazisme

Fascisme et nazisme sont nés de la Première Guerre mondiale, “expérience” fondatrice du xxe siècle. Avec cette guerre totale (voir Gazette de guerre n°3, p.6), sont inventés le massacre industriel et la mort anonyme de masse. On peut y voir les prémisses du remodelage des sociétés européennes dans les années 1930. La crise globale, à la fois économique, sociale, politique et morale du Vieux Monde à l'issue de ce conflit, s'amorce avec une brutalisation de la vie politique dont le fascisme et le nazisme sont les aboutissements.

De la Russie à l'Allemagne, de la Hongrie à l'Italie, dans le contexte des guerres civiles qui secouent l'Europe entre 1918 et 1923, les fascismes prennent forme comme un phénomène contre-révolutionnaire, antidémocratique et antilibéral. Ils ne regardent pas vers le passé, veulent bâtir un monde nouveau, leurs chefs ne sont pas issus des anciennes élites intellectuelles, économiques, politiques ou militaires mais émergent d'un monde désarçonné. Ce sont des démagogues nationalistes, des gens de peu qui découvrent, comme Hitler, leur talent de meneurs de foules dans le climat de la défaite allemande. Ils s'adressent aux masses, qu'ils prétendent mobiliser autour de mythes régressifs, la nation, la race, la communauté guerrière, le culte de l'homme providentiel. Il en résulte une idéologie nationaliste et radicalement antihumaniste.

Rien ne résume mieux le totalitarisme nazi que son slogan, omniprésent, ein Volk, ein Reich, ein Führer (un peuple, un empire, un chef). Pour Hitler, le peuple est d'abord une communauté de race qu'il faut protéger de tout élément nocif. Persuadé de l'inégalité des races, il considère qu'il n'en est pas de plus pure, de plus créatrice, que celle des Aryens indo-européens, qu'il estime particulièrement bien représentée en Allemagne par des hommes de grande taille, blonds et à la boîte crânienne allongée… En revanche, à ses yeux, les Juifs représentent le principe corrupteur de l'humanité, celui qui s'acharne à détruire les races constructives. Ainsi, dès le 7 avril 1933, un texte législatif les exclut de toutes fonctions publiques.

(...) “un phénomène contre-révolutionnaire, antidémocratique et antilibéral„ (...)

En Italie, Benito Mussolini, l'ancien militant socialiste, devenu belliciste en 1914, le soldat discipliné blessé en février 1917, le dirigeant fasciste menant son parti au pouvoir en 1922, est devenu un dictateur aux pouvoirs absolus. Fasciné par les destins de Napoléon et surtout de Jules César, il rêve d'une Italie forte et guerrière peuplée d'une race de maîtres, dure et implacable, odieuse. Il considère que la guerre est à l'homme ce que la maternité est à la femme, il use et abuse des uniformes, des parades militaires, des attitudes viriles et guerrières et impose le salut à la romaine, le bras tendu, paume ouverte vers le sol. Entouré de thuriféraires et de courtisans souvent corrompus, il a la haute main sur un parti omniprésent, sur des organisations de masse qui le vénèrent, sur des intellectuels muselés qui lui prêtent serment et sur des créateurs qui glorifient son régime.

Durant les années 1920, on a cru que le fascisme était un phénomène spécifiquement italien. Au cours des années 1930, la dimension européenne du fascisme s'impose aux yeux de l'opinion. A partir de 1933, avec l'arrivée au pouvoir de Hitler en Allemagne, puis l'avènement de la dictature clérico-fasciste en Autriche, puis de la guerre civile espagnole, entre 1936 et 1939, les fascismes se propagent sur l'ensemble de l'Europe, du Portugal à la Roumanie. Tous les courants naissants, malgré leurs caractéristiques propres, participent d'une même volonté à transformer l'Europe dans un sens autoritaire.

Exceptée l'Espagne, épuisée au terme d'une guerre civile sanglante, les fascismes se trouvent réunis, pendant la Seconde Guerre mondiale, au sein de l'Axe et sont compatibles avec la politique du iiie Reich. Anticommunisme, impérialisme, racisme, antisémitisme, eugénisme, colonialisme, violence, deviennent indissociables dans la guerre nazie lorsque, entre 1941 et 1945, l'anéantissement de l'URSS, la conquête de l'espace vital à l'Est et la destruction des Juifs convergent en un seul objectif. Bref, le nazisme fut spécifiquement allemand, mais sa généalogie était européenne…

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