Musée de la Vie wallonne

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Focus

Les motos liégeoises au service du pays

Militaire sur FN quatre cylindres, avant 1914

Quand les motos font leur entrée dans l'armée belge

L'Armée belge joue un rôle majeur dans l'essor des motos liégeoises. Dès le début du 20e siècle, elle devient un important commanditaire grâce à la témérité d'un jeune Liégeois. En effet, le 30 mars 1913, Albert Snyers, visionnaire déterminé, organise une grande épreuve de démonstration pour convaincre de l'utilité de la moto à des fins militaires. Pour ce faire, 30 pilotes parcourent une distance de 150 km autour des forts liégeois. Le succès de l'évènement convainc le général Leman de créer la Compagnie d'Estafettes Motocyclistes Militaires, menée par Albert Snyers lui-même, lorsque la guerre éclate en août 1914. Les missions principales de cette unité sont d'observer, rapporter et transmettre les messages. Cette décision place la Belgique comme précurseur dans l'histoire motocycliste militaire.

Quand l'armée met au défi les trois « Demoiselles »

La motorisation ne supplante pas pour autant le cheval qui garde son hégémonie au sein des régiments : il traverse les points d'eau, saute au-dessus des obstacles et franchit aisément des terrains inhospitaliers, a contrario des machines de l'époque. En 1935, pour pallier ces manques, le commandement militaire belge met au défi les « Demoiselles de Herstal » de produire des engins pouvant transporter au moins trois soldats et leur armement à une vitesse moyenne de 80 km/h. La Fabrique Nationale et ses deux concurrentes Saroléa et Gillet relèvent le challenge : les nouvelles FN M-12, Gillet 720cc et Saroléa 38H possèdent une marche arrière et sont équipées de side-car dont la roue peut être rendue motrice. Si les nouvelles motos militaires supplantent finalement les équidés dans les conflits armés, les modèles belges ne sont cependant produits qu'à quelques centaines d'exemplaires avant l'invasion de l'armée allemande. Cette dernière en détruit un grand nombre, tout en utilisant quelques modèles sur le front russe.

Si de nombreuses industries liégeoises sont fermées et démantelées par l'occupant, ces derniers vont tenter d'utiliser la Fabrique Nationale ou encore Gillet à leurs fins. C'est sans compter sur le patriotisme des Liégeois qui, à l'insu de l'ennemi, sabotent la production de motos en fabriquant des pièces plus fragiles ou défectueuses.

La fin de la Seconde Guerre mondiale ne signe pas l'arrêt des commandes militaires par l'État belge. En effet, ce dernier fait appel à Saroléa, FN et Gillet dans les années 1950 pour lui fournir encore des milliers de modèles, comme en témoignent ces trois motos militaires livrées plusieurs années après l'arrêt du conflit. Ces dernières permettent à l'armée de réaliser diverses missions, à l'image du raid moto mené par sept militaires belges sur des FN série XIII en 1950-1951 pour relier Bruxelles à la base Kamina au Congo.

William Ramacciotti, Chargé de projets, Département Médiation culturelle

Illustrations :

1. Militaire sur FN quatre cylindres, avant 1914, coll. Musée de la Vie wallonne

2. Les estafettes motocyclistes belges, 1913, coll. Musée de la Vie wallonne

3. Fête militaire, 1935, coll. Yves Campion

Bibliographie :

CAMPION Yves, Les motos Gillet Herstal 1919-1959, GraphiGriffe Éditions, Stavelot, 2010.

Cycles et motocycles : des origines à 1935, catalogue d'exposition, Éditions Musée de la Vie wallonne, Liège, 4 juin – 17 octobre 1971.

DUCHATEAU Egon, HUYLEBROECK Geert, JONCKHEERE Nick, LEMBRECHTS Peter et VAN EYCKEN Rik, A-Z des motos belges, Editions Freson, Kumtich, 2009.

FRANCOTTE Auguste, GAIER Claude et KARLSHAUSEN Robert, Ars Mechanica, le grand livre de la FN, Éditions La Renaissance du Livre, Bruxelles, 2007.

FRANCOTTE Auguste et GAIER Claude, FN 100 ans, Histoire d'une grande entreprise liégeoise 1889-1989, Didier Hatier Editions, Bruxelles, 1989.

KUPELIAN Jacques et SIRTAINE Jacques, Motos belges, Overijse, 1983.

Livre d'or de l'automobile et de la motocyclette, Royal Motor Union, Liège, 1951

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