La Province de Liège se souvient

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Gazette 3 - Lire entre les lignes
partager sur Twitter partager sur Facebook   Publié le 17-12-2019

La campagne des Ardennes

La campagne des Ardennes

Légende et vérité

de notre correspondant de guerre Paul-M.-G. LEVY

Les légendes ont la vie dure. Un an après la campagne des Ardennes, sept mois après la fin de la guerre, cinq mois après que les chefs allemands ayant commandé pendant la campagne aient été interrogés par les enquêteurs alliés, on commémore chez nous la campagne de l'hiver 1944-1945, en continuant à articuler à son sujet une série d'affirmatioins controuvées par l'histoire. C'est de quelques-unes de ces légendes que je voudrais faire justice ici...

TOUTE LA VERITE.

Il faut dire toute la vérité sur la campagne des Ardennes : l'héroïsme des Américains et leur imprévoyance, les souffrances de nos populations sous l'ennemi comme sous l'alliée, les objectifs véritables et les feintes... Mais tout cela, c'est de la critique après coup qui ne modifie en rien la dette infinie de reconnaissance que les Alliés ont contractée envers les Ardennais, victimes du dernier coup de patte du fauve blessé.

L'OFFENSIVE N'ETAIT PAS IMPROVISEE, MAIS AVAIT ETE ETUDIEE DEPUIS LONGTEMPS.

Pour les généraux allemands qui ne croyaient pas dans le mur Atlantique, il était évident que la seule ligne de défense possible serait la ligne Siegfried et le Rhin hollandais. Dès lors, il fallait envisager la possibilité de sorties empêchant les Alliés d'édifier à leur aise leur dispositif d'attaque. C'est pourquoi, dès avant le débarquement en Normandie, dès mai 1944, l'état major allemand en Belgique étudiait sur place dans les Ardennes les possibilités d'opérations militaires. Les Ardennes étaient pratiquement le seul point de sortie possible. Ils laissèrent des maquisards allemands derrière eux en septembre et entretinrent une cinquième colonne au sein de nos populations ardennaises. Des parachutages eurent lieu et des dépôts d'armes et même d'essence furent constitués chez nous à l'arrière des lignes alliées.

Article publié par le journal La Wallonie, décembre 1945. Extrait d'un cahier réalisé par M. Jean BOETS, futur Directeur général de l'Enseignement provincial

Un tournant stratégique

Durant cette bataille « légendaire », l'armée allemande a risqué le tout pour le tout. Elle a opéré sa contre-offensive vers la Meuse en surprenant tout le monde, y compris, et surtout, la majeure part de l'état-major allié.

Cependant, malgré les précautions prises par les Allemands pour camoufler la concentration de ses unités armées et ses ambitions, des informations ont été captées et rassemblées par les services de renseignements américains. Même s'ils n'ont pas ou peu été pris au sérieux par les généraux Hodges et Bradley, les préparatifs ennemis ont été décelés par des décideurs militaires de haut niveau, notamment dans l'entourage de Patton, qui ont heureusement pressenti le danger et prévu des contre-mesures. C'est par exemple le cas du colonel Dickson qui, dès le 10 décembre, estime, sur base des informations compilées, qu'une grande attaque va se déclencher et se situerait « entre Aix-la-Chapelle et le nord du massif ardennais », vers Liège… ou du major général Strong, attaché au QG de D.W. Eisenhower, convaincu d'une possible offensive allemande en Ardennes belges…

Le témoignage d'un soldat… Samuel Fuller

Une nuit, von Rundstedt nous a attaqué. Nous ne savions pas que c'était le début de la Bulge. Vous avez entendu parler de ça ? Battle of the Bulge, la Bataille du saillant ou Bataille des Ardennes ? Malmédy, Monschau, Bastogne. C'était affreux. Un tas de soldats américains qui étaient, en fait, des soldats allemands infiltrés. Ils sont arrivés avec des tanks. Ils mangeaient avec nous. Ils dormaient avec nous. Et ils nous tuaient. On devenait très soupçonneux devant chaque nouveau visage (…). Après Bastogne, nous sommes allés en Tchécoslovaquie, dans les Monts Sudètes, là où tout avait commencé. La boucle était bouclée. Mais nous ne savions pas encore que ça serait la dernière bataille officielle – notre fin de guerre – la libération d'un camp de concentration.


Samuel Fuller, futur metteur en scène était engagé comme soldat dans la 1re Division d'infanterie US, la Big Red One. Il avait participé à trois débarquements, en Afrique du Nord, en Sicile et en Normandie, à Omaha Beach. Il participa à la libération du camp de concentration de Falkenau.

Epilogue

Lorsque, le 4 février 1945, le communiqué officiel de la première Armée américaine annonce la prise de Krewinkel, petit hameau de Bullange-Büllingen (ancienne commune de Manderfeld), perché à l'extrême Est de la province de Liège, la Bataille des Ardennes, virtuellement finie depuis le 27 janvier, fait place à la bataille du Rhin (gazette de guerre n° 4)

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> Table des matières

Article extrait de La Wallonie (mars 1946)
La ligne Siegfried
Le général Omar Bradley
Les généraux Bradley, Eisenhower et Patton