Musée de la Vie wallonne

Musée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonne

Focus

Femmes ingénieuses... (1ère partie)

1.

... des inventrices qui ont changé nos vies !

Les collections du Musée regorgent d'objets divers et variés. Nombre d'entre eux sont le fruit de l'ingéniosité de femmes astucieuses, souvent restées dans l'ombre. Notre nouvelle visite guidée, « femmes ingénieuses », vous emmène à la rencontre de ces inventrices qui, sans que nous le sachions, ont marqué de leur empreinte notre quotidien…

Margarete Steiff : l'ours en peluche

Dans le domaine merveilleux des jouets, quelques femmes ont inventé certains des jouets les plus célèbres : Ruth Handler et la poupée Barbie, Elizabeth Maggie et le Monopoly ou encore Margaret Steiff et l'ours en peluche.

S'il y a bien un jouet que tous les enfants, filles et garçons, petits et grands, apprécient, c'est l'ours en peluche ! Mais qui se cache derrière son invention ? Il existe deux versions de l'histoire.

Selon la première, c'est à l'allemande Margarete Steiff que l'on doit sa création. Née en 1847, elle tombe malade fin de l'année 1849. Elle garde de lourdes séquelles de cette maladie, une poliomyélite : elle est paralysée des jambes et peut à peine bouger son bras droit. Mais la petite fille ne s'apitoie pas sur son sort : elle va à l'école et obtient de bons résultats. Elle décide ensuite de faire l'école de couture et devient une très bonne couturière. Avec ses sœurs, elle ouvre un atelier de couture qui devient par la suite un atelier de confection du feutre. En 1879, elle découvre dans un journal un modèle pour la confection d'un petit éléphant en tissu. Elle en confectionne cinq exemplaires, conçus comme pelotes à épingles en feutre et en laine. Le succès est phénoménal, particulièrement auprès des enfants. Margarete élargit alors son assortiment avec d'autres modèles : singes, ânes, chameaux, chevaux, chats… En 1902, Richard Steiff, son neveu, lui présente des dessins destinés à la fabrication d'un ours articulé. Si Margarete est d'abord un peu sceptique, elle autorise Richard a présenté son ours à la foire du jouet de Leipzig en 1903. L'histoire raconte qu'à la fin de la foire, un Américain arrive sur le stand et commande les 3000 exemplaires – qui auraient aujourd'hui disparu. Le modèle suivant, plus mince, rencontre un franc succès. Margarete et Richard sont récompensés de la médaille d'or à l'exposition universelle de Saint-Louis et leur entreprise remporte le Grand Prix. Tout au long de sa carrière, Margarete a mis un point d'honneur à ce que ses créations soient d'une qualité irréprochable. Il est d'ailleurs fréquent qu'elle confectionne elle-même les patrons des nouveaux modèles. Son caractère perfectionniste est d'ailleurs bien perceptible dans sa devise : « Seul le meilleur est assez bon pour les enfants ! ».

Selon la seconde version, Théodore Roosevelt, surnommé Teddy, 26e président des USA (1901 à 1909), est le véritable père de l'ours en peluche. En 1902, alors que le président s'apprête à rentrer bredouille d'une chasse à l'ours, certains de ses accompagnants décident d'attacher un ourson à un arbre afin de faciliter la tâche au président. Ce dernier refuse de tuer l'ourson, expliquant qu'il ne pourrait plus regarder ses enfants dans les yeux et que cela « n'est pas très sportif ». Des caricatures de la scène voient alors le jour et remportent un franc succès. Suite à cet épisode, un couple de migrants russes, Morris et Rose Mitchom, décide de créer, avec l'autorisation du président, un ours en peluche nommé "Teddy's Bear". Le succès de cette peluche est énorme. Au fil du temps, le nom se transforme légèrement pour devenir "Teddy Bear".

L'apparence de l'ours en peluche évolue également : les traits caractéristiques de l'ours sauvage (longues pattes avant, museau pointu, bosse dans le dos) disparaissent, les pattes raccourcissent et le museau s'aplatit. L'évolution touche aussi les matériaux de fabrication employés : le mohair véritable, le bourrage en copeaux de bois et les yeux en boutons de bottine sont oubliés. Dans les années 1950, la paille, jugée trop inflammable et peu hygiénique, disparait progressivement chez la plupart des fabricants. Ensuite, les articulations en métal, jugées dangereuses pour les jeunes enfants sont elles aussi supprimées. Après la Seconde Guerre mondiale, toutes les couleurs pastel sont utilisées avec les peluches synthétiques dont l'avantage est qu'elles sont lavables.

Margaret A. Wilcox : le chauffage de voiture

Si l'automobile semble souvent être un secteur particulièrement masculin, plusieurs femmes sont à l'origine de nombreuses innovations dans ce domaine. C'est à l'américaine Mary Anderson que l'on doit l'invention de l'essuie-glace en 1903.

Le voyage de Bertha Benz et de ses fils le 5 août 1888 à bord du Benz Patent Motorwaggen Nummer 3 est considéré comme le premier voyage longue distance de l'histoire de l'automobile. Durant ce trajet de 104 km, Bertha dû faire face à certains imprévus et réparer de plusieurs problèmes techniques et mécaniques. C'est d'ailleurs au cours de ce trajet qu'elle invente la garniture de frein en demandant à un cordonnier de clouer du cuir sur les blocs de frein.

C'est à « la première star du cinéma », Florence Lawrence que l'on doit les clignotants et le feu stop.

Suite à une sortie de route en voiture pour éviter une collision frontale avec un camion, le docteur June McCaroll a la brillante idée d'une ligne blanche centrale peinte sur toutes les autoroutes du pays.

Un dernier exemple, celui de l'américaine Margaret A. Wilcox, née à Chicago en 1838. C'est en effet à cette dernière que nous devons une invention capitale pour assurer notre confort et notre sécurité sur les routes : le chauffage de voiture. Pour chauffer l'habitacle, Margaret a l'idée ingénieuse de détourner la chaleur du moteur. Elle brevète son premier système de chauffage de voiture en 1893.

Avant son invention, on se réchauffe les pieds au moyen d'une petite chaufferette garnie de braises. Ce système comporte l'inconvénient majeur de communiquer le feu aux habits des voyageurs, particulièrement aux longs jupons féminins. Un modèle en cuivre rempli d'eau chaude arrive ensuite.

Si l'invention de Margaret permet de rendre le trajet plus confortable aux occupants, elle est également primordiale pour une question de sécurité : elle permet la conduite par temps humide et froid en limitant la formation de buée sur les vitres. Au début, le chauffage de voiture est considéré comme une option de luxe et ce, même lorsque les voitures entièrement vitrées et fermées se répandent. Ce n'est qu'en 1929 que Ford décide de proposer cette option en série sur son modèle A.

Margaret A. Wilcox n'est pas seulement une femme créative et ingénieuse, elle est aussi un modèle d'indépendance. En effet, contrairement à ce qu'il se fait alors, elle brevète son invention en son nom propre et non en celui de son époux. Si cela peut paraitre logique et évident aujourd'hui, ça ne l'est pas pour la société du 19e siècle !

Shirley Ann Jackson : la recherche qui a menée aux télécommunications

Shirley Ann Jackson est une physicienne américaine née à Washington en 1946. Sa mère, assistante sociale, et son père, superviseur aux services postaux américains, encouragent très tôt Shirley, ainsi que son frère et ses sœurs, à faire des études. Elle est l'une des deux premières femmes afro-américaines à obtenir un doctorat en physique aux États-Unis et la première à recevoir son doctorat en physique nucléaire au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1973. En plus d'être une scientifique de talent, Shirley Ann est une femme très engagée. Elle lutte notamment contre les discriminations raciales et organise l'Union des étudiants noirs du MIT. Elle soutient également vivement la cause des femmes.

En 1976, Shirley Ann est engagée en tant que chercheuse par AT&T Bell Laboratories. Ses recherches, menées avec d'autres scientifiques durant les années 1970, vont avoir un impact considérable sur notre société car elles vont permettre à d'autres chercheurs d'innover dans le domaine des télécommunications en inventant le téléphone à touches, l'appel en attente, l'identification de l'appelant ou encore le télécopieur portable, les cellules solaires et les câbles de fibre optique.

En 1999, elle devient la 18e présidente du Rensselaer Polytechnic Institute, la plus ancienne université technologique des États-Unis. Time Magazine la décrit en 2005 comme étant « peut-être le modèle ultime pour les femmes dans les sciences ». De nombreux prix récompensent ses travaux dans le domaine des sciences, notamment le prestigieux prix Vannevar Bush qu'elle reçoit en 2007 pour « l'ensemble de ses réalisations dans les domaines de la recherche scientifique, de l'éducation et des contributions de haut rang aux politiques publiques ».

Julie Joris, animatrice – Médiation culturelle

Légendes :

  1. Ours en fourrure synthétique beige, rembourré de crin, 1921
  2. Ours en peluche en crin, recouvert de tissu peluche gris chiné, vers 1960
  3. Ours en peluche, tissu, 2002-2004
  4. Maquette de voiture Impéria, à l'échelle 1/18e, plastique et métal, matériaux de récupération, 1928
  5. Maquette de voiture Vertigo Streiff, à l'échelle 1/43e, métal embouti et plastique, Gillet, 2002
  6. Téléphone portable (GSM) de marque Sony Ericsson T 600, Ericsson, 2004
  7. Téléphone à touches digitales, Alcatel, 1995-2005
  8. Téléphone fixe à touches digitales, Cresta, vers 1970
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.


Tous les focus