Conteuse depuis longtemps, Jeanne la Contesse partage son répertoire de contes avec les grands enfants et les adultes, un samedi par mois.
Douillettement installés au cœur de la section pour adultes, à l'ombre des rayonnages de livres, découvrez des contes d'astuce, des contes modernes ou de tradition orale, des contes facétieux, des contes d'amour, des menteries, dans l'esprit des veillées d'autrefois, lorsqu'ils étaient destinés principalement à un public d'adultes.
Conteuse depuis plus de 20 ans - autant dire depuis le siècle passé - Jeanne la Contesse a choisi dans le cœur de son répertoire des contes qui plaisent autant aux grands enfants qu'aux adultes… Elle raconte avec un plaisir évident, et c'est contagieux !
Les contes contiennent toutes les vérités du monde. Les meilleurs d'entre eux ont le bon goût de ne jamais faire la morale mais d'éclairer en faisant rire, en intriguant, en montrant un point de vue différent. Certaines traditions spirituelles utilisent aussi le conte qui – détaché de son habillage religieux – aide à mieux voir la lumière, là où nous ne la percevons pas encore.
Ils se cherchent, se trouvent, se perdent, se séduisent sans toujours se comprendre. Les préjugés des unes et des autres sont aussi enracinés que du chiendent, pourtant peu de contes font l'économie de l'envie d'elle, du désir de lui, de la patience des maris et de l'endurance des femmes …
Henri Pourrat a récolté des centaines de contes en Auvergne entre 1908 et 1956, et il les a réécrits avec talent, autant pour faire rire que pour effrayer ou émouvoir. A mon tour de puiser dans ce « Trésor des contes » qui, loin d'être régionaliste, touche à l'universalité et est resté plein d'allant, d'énergie et de belles surprises.
Les contes se situent souvent au temps où les bêtes parlaient. Les animaux qui apparaissent dans les contes ne représentent pas toujours des humains. Ils sont le signe de la richesse pour celui qui possède un grand troupeau, de l'amitié à travers un animal familier, domestique, de la sagesse cachée dans la tête d'un âne ou du danger, du « voleur gris », du loup qui menaçait le village.
Sentence correcte ou arbitraire, le thème du jugement est très répandu dans les contes. Ces histoires comblent notre besoin d'équité, sans empêcher le héros de tirer son épingle du jeu s'il est assez malin pour cela. Juge de métier ou roi rendant la justice, aucun n'est aussi extraordinaire que Salomon, le juge par excellence.
Si le héros pouvait sagement rester chez lui et se contenter de son ordinaire, aucun conte n'existerait. Que ce soit le désir d'une femme plus belle qu'on ne peut le dire, plus belle qu'on ne peut l'écrire, ou la gourmandise, le désir de richesse, la paresse, l'être humain en vie a toujours envie de plus, de mieux ou d'autre chose.
Les esprits malfaisants ne le sont pas toujours, ni pour tout le monde, et puis on peut duper le diable qui annonce ses intentions et respecte sa parole. Il livre honnêtement jeunesse, richesse ou amour mais ne s'imagine pas qu'on puisse rompre le contrat signé en rouge sang.
Toutes les religions sont pleines de petites histoires et une grande partie de ces histoires sont réjouissantes, pleines d'humour, sans le côté dogmatique de la foi qui les a suscitées. Si Dieux, démons, et autres derviches sont de tels personnages, pourquoi se priver de raconter leurs démêlés ?
De nos jours, les forêts ne sont plus ces lieux inquiétants où voleurs de grands chemins, aubergistes criminels et loups mettent en danger le voyageur. Pourtant, même dans nos bosquets civilisés, la nuit, personne n'aime se promener seul. Isolés, les arbres sont des protecteurs, ils fournissent ombre, cachette, nourriture et lieux de palabres. Pas étonnant que les contes les mettent si souvent en scène.
Un samedi par mois, à 14 h, en Section de Prêt pour Adultes.
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