La Province de Liège se souvient

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Vivre la guerre

Gazette 3 : Vivre la guerre
partager sur Twitter partager sur Facebook   Publié le 17-12-2019

6 pages

Le récit en condensé…

Le début de l'offensive allemande est fixé au 16 décembre à 5 h 30. Le 18 décembre, les troupes doivent être en vue de la Meuse. Le fleuve doit impérativement être franchi le 19, car la prise d'Anvers est prévue le 23 décembre! Commandant du front de l'Ouest, le maréchal von Rundstedt ne croit pas à la réussite d'un tel plan et tente de dissuader Hitler de lancer l'opération. Devant l'obstination et la détermination du dictateur, le maréchal, dont on donnera erronément le nom à l'offensive, finit par adopter une attitude d'obéissance passive.

L'offensive Wacht am Rhein, puis Herbsnebel (brumes d'automne), surprend totalement les Alliés. Si les services de renseignement (voir page 6, gazette 3) savaient qu'une attaque était imminente, ils n'en connaissaient ni la date, ni le lieu. Pour eux, une percée à travers les Ardennes était tout bonnement impossible. L'hiver et le terrain accidenté y condamnaient toute opération d'envergure. En outre, comme l'explique l'historien militaire américain Mac Donald, l'Ardenne était considérée comme la nursery et l'hospice du commandement américain. De nouvelles divisions y venaient pour s'adapter au champ de bataille, des anciennes pour s'y reposer après des combats intenses et pour y assimiler des renforts…

Considérant ces soldats américains comme le maillon faible de l'alliance occidentale, le produit d'une société trop hétérogène pour mettre en campagne une force combattante efficace, Hitler est surpris de la résistance alliée des premières heures, même si les GI mettent du temps à réagir et à prévenir les différents échelons du commandement.

Le 16 décembre en soirée, si le général Eisenhower affirme qu'il s'agit d'une opération d'envergure, le général Bradley est encore persuadé que l'attaque n'est qu'une opération de diversion visant à empêcher une offensive du général Patton programmée pour le 19 décembre dans l'est de la France. Pour autant, même si les troupes allemandes avancent lentement, à aucun endroit, le front n'est véritablement percé.

Dans la nuit du 17 au 18 décembre, malgré des conditions météorologiques déplorables, plusieurs avions allemands lâchent des commandos sur l'arrière des lignes alliées. Selon l'historien Luc De Vos, on pense souvent que ces commandos avaient pour mission de perturber les mouvements et les communications alliées (…) en réalité ils devaient surtout prendre intacts une série de ponts dans les régions de Huy et de Liège. La mission se révèle un fiasco, car sur les 106 avions de transport, seuls 35 arrivent sur les zones de largage.

Revenons sur le terrain, où la lutte est acharnée. Au nord, la 6e division SS n'avance que très difficilement face aux défenseurs de Rocherath et d'Elsenborn. Saint-Vith résiste et n'est emportée qu'après une semaine de combats et grâce à la résistance acharnée de deux divisions d'infanterie américaines. Par ailleurs, en direction de Stavelot, Trois-Ponts et la vallée de l'Amblève, la progression éclair du Kampfgruppe du lieutenant-colonel Jochen Peiper, soit 5000 hommes et 600 véhicules dont quelques énormes chars d'assaut, se résume à un raid puissant et meurtrier, notamment sur les populations civiles, qui vient se briser en l'espace de trois jours aux portes de Malmedy et de La Gleize, sans avoir atteint ses objectifs, les ponts de la Meuse (vers Ampsin ou Huy), notamment par manque de carburant.

Le plan initial de Wacht am Rhein, Garde au Rhin, a déjà échoué. Au nord, malgré la percée de la colonne Peiper, la 6e Panzer Armee de Dietrich s'est usée à la résistance acharnée des unités américaines ; la partie nord du saillant (terme usité pour témoigner des avancées) qui se dessine progressivement commence déjà à être verrouillée le 19 décembre. A l'extrême sud de la poussée allemande, les colonnes d'infanterie de la Ve Armee du general Brandenberger sont bloquées autour d'Echternach. Bref, seule la Ve Panzerarmee du général von Manteuffel, au centre du dispositif, respecte plus ou moins le plan de départ mais progresse très lentement, et, avec l'abandon de Bastogne par le général Middleton (qui retire son état-major à Neufchâteau), encercle la ville non sans difficulté dans la nuit du 21 au 22 décembre, tandis que la 101e division aéroportée et la 10e division blindée du Combat Command américains arrivent à la rescousse. Télécharger l'article (pdf)

Pendant que la population bastognarde reste sur place, tapie dans les caves, sans électricité, les combats sont particulièrement meurtriers. Avec une seule journée de réserve de nourriture, un stock de munitions au plus bas et plus de mille blessés et malades, le général de brigade américain Mac Auliffe, commandant de la force alliée à Bastogne, demande un ravitaillement aérien. Les conditions atmosphériques sont déplorables et rendent cette manœuvre impossible. Le 21 décembre, le brouillard avait cédé la place aux bourrasques de neige. De part et d'autre, c'est la chasse aux draps blancs, pour camoufler les unités.

Le 22 décembre, alors que Bastogne est coupée du reste du monde, le général Patton passe à l'attaque au sud pour dégager la ville. Le lendemain, le ciel s'éclaircit et le 26 décembre à 16 h 30, la ville est atteinte par une colonne blindée américaine. Cependant, c'est au cours des journées suivantes que les confrontations sont les plus ardues, les Allemands tentant quand même à s'emparer de la ville afin de remporter une victoire morale… Entretemps, Bastogne est entrée dans la légende grâce au fameux mot Nuts (des noix, dans ce contexte des clous, dans le sens hors de question), repris par la presse d'outre-Atlantique, supposément lancé par le général Mac Auliffe à l'émissaire allemand qui lui intimait l'ordre de se rendre…

De nos jours, il est pourtant admis que ce n'est pas à Bastogne que l'avancée allemande a été stoppée, mais plus à l'ouest du côté de Celles et de Foy-Notre-Dame, près de la Meuse dinantaise, après celles endiguées plus au nord, à La Gleize-Stoumont et Saint-Vith-Malmedy, et au sud, vers Echternach.

Le bilan de cette célèbre bataille est lourd, et les pages suivantes témoignent des exemples locaux où les populations civiles ont été lourdement frappées, comme à Stoumont, Stavelot, Houffalize (seulement délivrée une seconde fois… le 19 janvier 1945) Malmedy, Saint-Vith et La Roche, éprouvées par des bombardements aériens alliés.

Et la guerre n'était pas finie… Télécharger l'article (pdf)

Des épreuves au jour le jour…

Après un calvaire qui aura duré plus d'un mois, les Alliés repoussent l'envahisseur au-delà de sa ligne de départ. Mais que de dégâts, d'épreuves et de souffrances… Le bilan est lourd. Partout, des hameaux de villages aux lieux de bataille, les populations civiles et les troupes militaires sont décimées. On dénombre plus de trois mille victimes civiles belges et luxembourgeoises ; près de 8.500 GI's, plus de 10.000 soldats allemands, des centaines de combattants du Commonwealth britannique perdent la vie…

Parcourons ces tristes terres de désolation, où, au travers de huit exemples, massacres, bombardements, destructions et exactions en tous genres ont malheureusement fait entrer la bataille des Ardennes dans l'Histoire.

Baugnez

17 décembre, au carrefour de Baugnez, un convoi américain venant de Malmedy se dirige vers Saint-Vith et est attaqué par l'avant-garde du Kampfgruppe Peiper. Après un bref mais violent engagement, la situation des Américains s'avère désespérée et ceux-ci doivent se rendre. Pendant que la colonne allemande poursuit sa route vers Ligneuville, les prisonniers auxquels les Allemands ont joint d'autres hommes capturés par les SS plus tôt dans la journée, sont amenés dans une prairie le long de la route. La plupart des témoignages précisent qu'environ 120 hommes ont ainsi été regroupés. Soudain, les Allemands ouvrent le feu sur leurs prisonniers. C'est la panique. Certains prisonniers tentent de s'enfuir mais la plupart sont abattus, tandis que d'autres essaient de se réfugier dans un café situé au carrefour. Les Allemands mettent le feu au bâtiment et tuent ceux qui tentent d'en sortir. 84 soldats perdent la vie.

Il faut attendre le 14 janvier pour que les Américains dégagent enfin les corps des victimes gelés et recouverts de neige. L'opération se fait avec beaucoup de soin et de méticulosité car les indices relevés par les médecins doivent servir de base à un procès à charge des responsables. L'autopsie des corps montre qu'une cinquantaine des soldats tués présentaient, outre des blessures faites par des tirs d'armes automatiques, des blessures fatales à la tête provoquées par des tirs à bout portant, au moyen d'armes de petit calibre et par des crosses de fusils…

Wereth

17 décembre. Onze soldats noirs du 333e bataillon d'artillerie de campagne sont torturés et massacrés par des SS commandés par le major Knittel.

Alors que le bataillon se trouve à l'est de la rivière l'Our à l'entame de la contre-offensive allemande et face à l'avance de l'ennemi, il est décidé de détruire le matériel et d'organiser la retraite à pied. Vingt-sept soldats et un médecin parviennent à se rendre au point de ralliement, mais 11 soldats afro-américains sont coupés du reste de la troupe. Après s'être égarés dans les bois, ils finissent par rejoindre, dans l'après-midi, la ferme Langer à Wereth. Quelques heures plus tard, alors qu'ils sont à table, les SS débarquent dans la ferme. Emmenés et forcés à courir puis éloignés sur un sentier à l'écart de la route, ils sont sauvagement massacrés. En raison des combats et de la neige, leurs corps, horriblement mutilés, ne sont retrouvés que le 13 février 1945.

La Roche-en-Ardenne

A la suite de la libération le 10 septembre, les Américains effectuent leur retraite et font sauter deux ponts de la ville. Un pont Bailey est construit. La Roche redevient un carrefour routier stratégique…

Le 17 décembre en soirée, les soldats américains présents en ville sont mis en alerte et se replient le 18 et le 19 décembre dans la cohue des civils des régions de Malmedy, Saint-Vith, Vielsalm et Houffalize, qui fuient les combats.

Le 20 décembre, croyant le secteur d'Houffalize fermement défendu, les Allemands font mouve-ment vers la Roche. Estimant le pont reconstruit peu fiable, la colonne blindée traverse la ville, progresse vers les villages de Dochamps et de Samrée et se dirige vers Hotton pour y traverser l'Ourthe. Face à la détermination des unités américaines assurant la défense de Hotton, les blindés allemands font demi-tour et retournent à La Roche pour franchir l'Ourthe par le pont Bailey construit par les Américains. Télécharger l'article (pdf)

Dans la nuit du 23 au 24, le ciel s'éclaircit et permet à l'aviation américaine de passer à l'action… En deux jours, la ville de La Roche est détruite (348 maisons détruites et 287 endommagées), alors 114 victimes civiles de tous âges et de toutes conditions sont dénombrées.

Saint-Vith

16 décembre, aux premières heures du matin, plusieurs grenades sont tirées depuis un train blindé tandis que des parachutistes et des SS combattent avec acharnement non loin de là, à Manderfeld. Les Américains se défendent avec l'énergie du désespoir.

A Saint-Vith, l'interdiction de circuler est proclamée, il est interdit de stationner à sa fenêtre, beaucoup d'habitants cherchent à s'enfuir. En quelques heures, la ville est en péril, pris en tenaille par la Ve Armée allemande de von Manteuffel. Cet important nœud stratégique de communications devait tomber entre les mains allemandes au plus tard le 17 décembre à 18 heures sous peine de faire échouer l'offensive. Du côté US, la 7e division blindée du général Clarke défend durant cinq jours la ville contre les assauts allemands. Cette ardente défense permet aux unités américaines de se replier et le 22 décembre, le Maréchal britannique Montgomery ordonne le retrait total.

Le jour de Noël, dans l'après-midi, Saint-Vith est bombardé. La partie haute de la ville est sérieusement atteinte. Et ce n'est qu'un début… Le lendemain, la ville est réduite en cendres par près de 300 avions quadrimoteurs Lancaster et bombardiers Halifax britanniques. Un total de 1 139 tonnes de bombes est largué. On lance des bombes explosives, puis pour parachever, des bombes incendiaires… Or la ville compte beaucoup de maisons à colombage…. L'incendie est visible à des kilomètres à la ronde. Le nombre de victimes est considérable, les évaluations varient de mille à mille cinq cents morts. Quand la ville est à nouveau aux mains des Américains, le 25 janvier, il n'y a plus de rues ; seuls des sentiers cheminent entre les ruines…

Stoumont

Mardi 19 décembre. Les Allemands sont à Stoumont. Vers 9 heures du matin, des soldats SS font irruption à la maison Saint-Edouard, où plus de 150 enfants de la maison de cure sont pris au piège. Durant trois jours et trois nuits, ils occupent les bâtiments. Un combat acharné fait rage. Les civils occupent les caves et attendent avec anxiété la fin de la mêlée en se demandant qui sont les vainqueurs. Les Allemands racontent qu'une puissante division blindée doit reprendre Liège. On apprend que des meurtres de civils ont été perpétrés à Stavelot. Un témoin raconte : Au-dessus de nos têtes, le combat faisait rage. Les soldats assaillants se poursuivaient à coup de mitraillettes et de grenades. Les Américains s'étaient installés au rez-de-chaussée mais une forte unité allemande avait contre-attaqué. Autour des soupiraux, les balles pleuvaient drues et claquaient comme de gros grêlons. Depuis la veille, dans notre abri, la population s'était accrue d'une vingtaine de Stoumontois et de quarante évacués de la région d'Elsenborn. On hurle, on supplie. C'est la panique dans une âcre fumée de poussière et de poudre. Au secours ! Le 21 décembre, les Allemands tiennent toujours la forteresse Saint-Edouard, même s'ils semblent fatigués et découragés.

Vendredi 22 décembre. Le calme le plus complet semble régner dans la maison au-dessus des caves. Les civils se risquent d'aller voir. Les Allemands ne sont plus là. Pourtant, un terrible duel d'artillerie reprend sur les hauteurs du village et des canonnades éclatent. Dans l'après-midi, Stoumont est libéré par l'armée américaine et la poussée allemande vers Liège est stoppée dans la vallée de l'Amblève. Un témoin raconte : Nous sortions des caves et grimpions à l'étage pour revoir notre chambre. Partout, sur les marches d'escalier, dans les couloirs, dans les chambres, c'était la désolation. Nous heurtions des cadavres de soldats, couchés sur le dos, les bras étendus, la bouche ouverte ou, recroquevillés sur eux-mêmes. Partout, des flaques de sang qu'il nous fallait enjamber. Partout, le chemin était barré par des tas de gravats, de poutres, de briques et de plâtras. Les pièces familières étaient devenues méconnaissables. Le home était ravagé. Télécharger l'article (pdf)

Bande

Vendredi 22 décembre, les Allemands arrivent. 24 décembre, un détachement allemand plus vindicatif entreprend de venger les humiliations subies par leur armée depuis septembre. Ils parcourent le village et arrêtent tous les hommes qu'ils rencontrent. Vers 17 heures, les prisonniers sont répartis en deux groupes. Ils relâchent les plus vieux et ne gardent qu'une trentaine de jeunes âgés de 17 à 32 ans. Ils sont abattus d'une balle dans la nuque et leurs corps jetés dans la cave d'une maison sinistrée le long de la nationale 4, la maison Bertrand.

Le 11 janvier, les Britanniques entrent à Bande et découvrent la tragédie de la maison Bertrand. L'abbé Musty est chargé d'identifier les corps de quatre de ses élèves tandis que Léon Praille, le dernier à les avoir vu vivants est le déclarant de leur décès et de celui des trente autres victimes…

Houffalize

Enchâssée dans l'étroite vallée de l'Ourthe orientale, Houffalize se situe sur la route principale Bastogne-Liège et représente le point de passage stratégique le plus important sur l'Ourthe, ce qui explique l'intérêt des ponts durant le conflit.

Lors de la retraite allemande à la suite de la libération, les ponts sont ravagés mais c'est sans comp-ter sur l'ingéniosité des Houffalois qui reconstruisent le plus grand d'entre eux.

Au lancement de l'offensive allemande de décembre, ce pont sur l'Ourthe n'est étonnement pas détruit. Le 19 décembre, il permet aux soldats de la 82e division blindée américaine venant de Reims de rejoindre leur zone de rassemblement à Werbomont. Quelques heures plus tard, il voit le passage de la 116e division Panzer allemande le franchir, en route vers les ponts de la Meuse…

Croyant le secteur fermement défendu, le commandant allemand décide de modifier son itinéraire et de poursuivre vers La Roche-en-Ardenne. Quelques jours plus tard, afin d'anéantir le carrefour stratégique que représente Houffalize, le commandement américain fait bombarder la ville à plu-sieurs reprises. Une première attaque touche particulièrement le quartier Saint-Roch le 26 dé-cembre. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, un second bombardement est chargé d'empêcher les divisions de la 6e Armée allemande de rejoindre Bastogne par cette localité. Le 6 janvier, c'est l'aviation britannique qui pulvérise la ville afin d'empêcher le passage sur l'Ourthe et d'écraser toute présence allemande. C'est une catastrophe pour les populations civiles qui paient un très lourd tribut : quartiers entiers détruits, 189 victimes civiles et de nombreux blessés graves.

Le 16 janvier, alors que la 3e Armée américaine (11e division blindée) se retrouve nez à nez avec la 1re Armée (2e division blindée) allemande avançant depuis Manhay, le saillant allemand n'est plus qu'un souvenir, il n'y a plus que 10 maisons debout sur les 386 que compte la ville avant les hostilités…

Stavelot

Dans sa recherche de points de passage pour sortir de la vallée de l'Amblève, la « colonne Peiper » allemande décide de passer par Stavelot. Tôt le matin du 18 décembre, le Kampfgruppe Peiper neutralise les canons américains défendant l'accès au pont sur l'Amblève, le traverse et pénètre dans le bas de la ville. Toutefois, dans la nuit du 20 au 21 décembre, les Américains réussissent à faire sauter le pont, coupant l'avant-garde du Kampfgruppe de ses arrières et de ses unités de ravitaillement, obligeant les Allemands à modifier leur itiniéraire vers Trois-Ponts. Ces derniers se vengent en cours de route en faisant de nombreuses victimes civiles… Télécharger l'article (pdf)

Comme l'indique Hubert Laby, dans son remarquable ouvrage Un tournant dramatique de la bataille des Ardennes. 18 décembre 1944, Stavelot, suite à une incompréhensible succession d'erreurs, le commandement de la 7e division armée américaine n'a pas donné l'ordre de faire sauter le pont sur l'Amblève dès le 17 décembre, alors qu'il savait que des troupes allemandes se dirigeaient vers Stavelot. Si le pont avait été dynamité, c'est là que la percée allemande aurait été stoppée, et l'on n'aurait jamais parler de Stoumont ou de la Gleize, et de tous les massacres et crimes commis sur les populations civiles, durant ces trois jours d'enfer du 17 au 19 décembre.

Ainsi, à Stavelot et aux alentours, 161 civils ont payé de leur vie le retour des troupes SS de la contre-offensive des Ardennes. A La Vaulx-Richard, Lodomez, Ster, Renardmont, Parfondruy, entre autres localités et hameaux, des femmes, des enfants succombent à la barbarie.

Dans la traduction d'un document officiel américain au sujet des massacres civils dans la région de Stavelot, et en particulier dans les hameaux de Renardmont et Parfondruy, on y lit : Dix à douze corps complètement brûlés et carbonisés ont été découverts à Parfondruy où une petite remise s'élevait. Cette remise avait été complètement détruite par le feu. Les corps brûlés de ces civils étaient empilés les uns sur les autres et il était impossible de déterminer ni l'âge ni le sexe. Dans la maison attenante, il y avait une dame d'âge moyen qui avait été poignardée avec un couteau puis abattue. Deux garçons ont été découverts avec des impacts de balle dans le front. En dehors de cette maison, dans un rayon de 25 mètres, il y avait d'autres civils morts.

Un prisonnier allemand témoigne aussi : Le 19 décembre, le peloton du génie, quartier général de la compagnie SS Panzer, en reconnaissance dans la région, avant l'attaque, recevait l'ordre de son chef de peloton (…) de supprimer tous les civils qu'ils apercevraient… Toujours à Parfondruy, d'autres témoins locaux racontent : Les civils étaient rassemblés sur la route puis introduits dans la grange. Là ils étaient abattus.

La conclusion appartient à ce témoignage d'un habitant de Stavelot en date du 18 décembre : Des chars allemands passent devant notre maison et tirent sur la façade avec leurs mitrailleuses. Nous sommes très inquiets. J'ose jeter un coup d'œil par la fenêtre de la cave et voir un soldat avec la partie supérieure de son corps à l'extérieur de la coupole ouverte de son réservoir. Une perception alarmante : lorsqu'un soldat se montre ainsi, cela signifie qu'il n'a pas peur du feu ennemi et qu'il est en territoire conquis. Nous nous sentons abandonnés et isolés. Comment est-ce possible ? Comment une armée aussi forte que l'armée américaine peut-elle se retirer pour des troupes qui ont fui dans le désarroi il y a seulement trois mois ? Notre joie a été de courte durée ! Le grand rêve de la liberté est-il déjà terminé ?

Epilogue…

A la suite de la dernière offensive allemande de la Seconde Guerre mondiale, à la fois cruelle et sanglante, l'Ardenne mettra des années pour se relever. Des traces indélébiles marqueront pour toujours les mémoires des populations civiles durement éprouvées dans une région dévastée. La Bataille des Ardennes a touché une large zone s'étendant globalement sur le grand-duché de Luxembourg et sur le territoire de trois provinces belges, Liège, Luxembourg et Namur. Toutes les personnes ayant subi un dommage matériel important sont considérés comme des sinistrés ardennais. Télécharger l'article (pdf)

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> Table des matières

Le récit condensé
Le récit condensé
Des épreuves au jour le jour
Saint-Vith, Stoumont
Bande, Houffalize, Stavelot
Stavelot
16 décembre. Attaque des Allemands vers Rocherath
Char Tiger allemand
Saint-Vith
Généraux Taylor et Mac Auliffe
290e Régiment d’Infanterie américain
Sniper de la 6e Division Airborne
20 décembre. Werbomont, tanks américains
Houffalize
Soldats de la 101e airborne
Décembre 1944, civils massacrés
13 février 1945, 11 afro-américains mutilés et massacré à Wereth
La Roche en Ardenne en ruine
Saint-Vith, en lambeaux et poussières...
Stoumont, vue du home Saint-Édouard après les combats
Bande, mémorial pour 34 jeunes massacrés le jour de noël
Houffalize en ruines
117e  Division de Caroline du Nord à Saint-Vith
Stoumont, GI's capturés par Pfeifer
GI's vers Bastogne
Relève de Patton défendant Bastogne
Des Allemands déguisés en GI's fusillés à Henri-Chapelle
Arrivée de la 101e Division Airborne à Bastogne
Bastogne, ravitaillement des GI's - 1944
Bastogne, fuite des Bastognards avant le siège
Bastogne, vue aérienne, décembre 1944
Progression de la Bataille des Ardennes
Baugnez, carrefour où eu lieu le massacre
Blason de la 101th Airborne Division (L'aigle hurlant)
Offensive ardennaise, les Allemands progressent
17 décembre 1944, soldats américains capturés
Joachim Peiper, commandant en chef durant l'offensive
Bastogne
Surveillance des GI's de la route menant à Bastogne
lBastogne, le Dr Prior avec les GI's le 24 décembre 1944
Dwight D. Eisenhower, Général en chef
Jeune allemand prisonnier (La Hitlerjugend)
Le général Patton inspecte la 101e le 28 décembre 1944
Les Allemands au travers des équipements US abandonnés
Les troupes de Mac Auliffe et son célèbre Nuts
Durant la bataille du Rhin
Les hangars et avions en flammes à Pearl Harbour
Attaque de la Royale Air Force au-dessus de Saint-Vith
Route de Manhay - Grandmenil
Namur, tank anglais Sherman
Stavelot, en ruines
Les GI's opèrent la jonction à Houffalize
Londres en flammes
Offensive brutale des Allemands sur Malmedy
Obusier M1 allemand affrontant la 1re armée US
19 décembre 1944, les panzers traversent La Gleize